
Elles sont souvent sous-estimées en entreprise. Qu’il s’agisse du poids, du style vestimentaire, de la couleur de peau ou encore de la coupe de cheveux, les discriminations liées à l’apparence physique ont la peau dure. Et pourtant, elles sont sévèrement punies par la loi. Le code du travail interdit en effet toute discrimination fondée sur 25 critères, dont l’apparence physique, dans toutes les étapes de la vie professionnelle : embauche, sanction, rémunération, formation ou encore promotion. Commise dans le cadre du travail, elle est même passible de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d'amende, comme le prévoit l'article 225-1 du code pénal.
Pour autant, une large enquête intitulée «Les Français et l’inclusion», réalisée par le groupe de protection sociale Apicil, en partenariat avec Opinionway et présentée à la presse jeudi 3 avril, indique que 70% des salariés français estiment que leur entreprise n’agit pas assez pour lutter contre les discriminations au travail liées a à l'apparence physique. «Dans le monde professionnel, les discriminations liées à l’apparence et à la tenue vestimentaire sont souvent ignorées. Or, l’aspect extérieur de chacun joue un rôle déterminant dans le parcours professionnel, influençant le recrutement, l’onboarding et l’évolution de carrière, explique Philippe Barret, directeur général du Groupe Apicil. Les organisations doivent donc s’emparer de ce sujet et sensibiliser leurs collaborateurs.»
Des conséquences négatives sur les carrières
Les préjugés liés à l'apparence sont en effet encore tenaces dans le monde professionnel. 97% des 1 043 salariés français interrogés pour l'enquête affirment ainsi qu’ils exercent une influence sur au moins une étape de leur carrière. Ils estiment que l’apparence physique joue un rôle primordial dans le recrutement (77%), l'intégration de nouveaux embauchés (71%), l’accès à des nouvelles missions (71%) ainsi que pour les promotions et augmentations salariales (54%). «Cette année, les salariés français se montrent plus critiques quant à l’état de l’inclusion dans la société, soulignant l’omniprésence des discriminations, notamment celles liées à l’origine, au handicap et à l’apparence physique, poursuit Philippe Barret. Les organisations doivent donc s’emparer de ce sujet et sensibiliser leurs collaborateurs. En montrant l’exemple, elles ouvriront la voie à une société plus inclusive.»
Mais paradoxalement, les salariés eux-mêmes estiment également dans leur grand majorité que certaines apparences ne sont pas professionnelles. En tête des critères cités, on retrouve les cheveux colorés (51% des sondés), les piercings (50%) ou encore les tatouages visibles. Pas étonnant, donc, qu’un salarié sur quatre dise avoir personnellement été victime de discriminations liées à son apparence physique ou à sa tenue. Elles concernent principalement leur apparence et proviennent la plupart du temps de leurs collègues. Ces comportements suscitent de l’inquiétude dans les entreprises puisque près d’un quart des travailleurs (24%) craignent d’y subir des discriminations.
Conscient de l’importance de leur apparence dans le milieu professionnel, plus d’un salarié sur deux (59%) dit veiller à son apparence physique et 58% à sa tenue vestimentaire. De manière générale, la grande majorité des salariés se sentent à l’aise avec leur physique actuel au sein de leur entreprise (75%) et considèrent pouvoir être eux-mêmes sur leur lieu de travail (72%).



















