Il n’a pas sa langue dans sa poche et le fait savoir une nouvelle fois. Après l’annonce choc de la fin de desserte de trois aéroports français cet hiver, le PDG de Ryanair, Michael O’Leary sort du silence. Dans une interview accordée au Parisien le 9 août, il s’en prend ouvertement à la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et à l’incapacité du gouvernement «à annuler son augmentation excessive». Soulignant son bond de «180%» en quelques semaines, Michael O’Leary la juge «totalement injustifiée». Et il accuse le gouvernement français une nouvelle fois : «Nous opérons dans un secteur pourri qui ne rapporte pas beaucoup d’argent. Mais nos gouvernements semblent penser que nous ne sommes qu’un percepteur d’impôts pour eux, en particulier le gouvernement français.»

L’homme d’affaires irlandais précise d’ailleurs qu’un plan de croissance sur cinq ans a été proposé avec un doublement du nombre de passagers (pour atteindre 30 millions, ndlr), mais il ne serait valable que «si le gouvernement supprime les taxes sur l’aviation». Dans le cas contraire, le PDG de la compagnie low cost a déjà d’autres solutions dans «d’autres pays (qui) réalisent la stupidité des augmentations d’impôts tricolores et essaient de l’exploiter». Il cite l’Italie, la Suède et la Hongrie. Le patron menace d’ailleurs la France : si rien n’est fait dans les semaines à venir, «nous réduirons encore notre capacité ici.»

Les trois plus petits aéroports (et moins rentables) choisis

Michael O’Leary est également revenu sur le choix des aéroports concernés par une fin de desserte, à savoir Bergerac (Dordogne), Brive (Corrèze) et Strasbourg (Bas-Rhin). Il s’agit tout simplement des trois plus petits aéroports où la compagnie opère, mais également de ceux «où nos recettes sont particulièrement basses par rapport au coût des opérations», le seuil de rentabilité étant à peine atteint. Plus globalement, le PDG de Ryanair s’en prend à la France qui ne cesse de taxer le domaine aérien français, selon lui.

S’il se dit d’accord pour taxer les séjours des touristes, il estime qu’il faut «d’abord faire entrer les touristes dans le pays», raison pour laquelle le gouvernement français «se tire une balle dans le pied». Et de faire un constat sans appel : «Il n’est pas surprenant que la France soit l’un des pays les moins bien remis du Covid. Le gouvernement préfère les taxes à la croissance.» Enfin, au cours de cette interview accordée au Parisien, le patron irlandais s’en est pris aux contrôleurs aériens français à la suite de leur nouveau mouvement de grève début juillet.

Le contrôle aérien français est le moins efficace d’Europe

Pour lui, le contrôle aérien en France «est le moins efficace d’Europe». Il tance par ailleurs les conséquences sur tous les vols européens passant par la France par exemple ceux allant d’Espagne à l’Allemagne à cause de grèves qu’il qualifie de «récréatives». Selon lui, les contrôleurs aériens français profitent bien de la situation, en faisant grève toujours «chaque année en mai, juin ou juillet» et «les jeudis et vendredis ou les lundis et mardis (…) afin de s’offrir un beau long week-end, au lieu de faire leur travail». Il raille enfin : «Ils peuvent même se présenter au travail en retard, sans sanction.»