«On commence à comprendre qu’il n’y a pas que des gagnants». Sur le plateau de BFMTV, Gabriel Lattanzio partage l’inquiétude qui règne au sujet de suspension de la réforme des retraites. Selon ses explications, le système de retraites français est un système «solidaire». Et «qui dit 'solidaire', dit qu’il y a des gens qui bénéficient et des gens qui contribuent. Je crois qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de pessimisme.» L’universitaire évoque à ce propos les craintes qu’il observe chez ses étudiants qui savent déjà que leur âge de départ à la retraite sera bien plus tardif que celui de leurs aînés.

«Au fond, quelles vont être leurs conditions ?» de départ à la retraite demande-t-il rhétoriquement. «Ce n’est pas 62 ans arrêtons avec ce mensonge. Personne qui a 20 ans aujourd’hui, ne pense qu’il aura sa retraite à 60 ou 62 ans.» L’universitaire décrit ensuite le parcours académique et professionnel de beaucoup de jeunes qualifiés. Aujourd’hui, explique-t-il «on essaie de faire les études les plus longues possibles, une fois qu’elles sont finies, il faut rajouter 43 [annuités]. Pour un peu qu’on ait des moments d’hésitation dans la vie, ou un moment où on doit rebondir. (…) On arrive à 67 ans».

Déséquilibre générationnel

Selon lui, les jeunes de 20 ans qui étudient aujourd’hui, se demandent s'ils «auront aussi un reste à vivre une fois qu’ils auront contribué à la solidarité générale.» En effet, Gabriel Lattanzio pointe du doigt un «véritable problème d’équilibre générationnel aujourd’hui : on prend à celui qui n’épargne pas pour donner à ceux qui épargnent.» D’après un sondage Elabe pour BFMTV, 68% des Français répondent «non» quand on leur demande si le système de retraites peut encore fonctionner avec les mêmes bases.

À ce titre, Gabriel Attal avait suggéré début novembre d’intégrer au système de retraite actuel, un fonds de capitalisation pour sauver le système de retraites. L’ex-Premier ministre avait ainsi imaginé en complément du système par répartition, une retraite partiellement fondée sur la capitalisation. Selon sa proposition, l’État verserait automatiquement 1 000 euros à la naissance en France. Le dispositif aurait le double avantage d’améliorer les retraites et la natalité, autre problématique sociétale majeure actuellement.