Mi-juillet, lors de l’annonce de ses pistes pour économiser 44 milliards d’euros dans le cadre du budget 2026, François Bayrou tirait la sonnette d’alarme. Selon lui, cela fait «cinquante années que les dépenses dépassent chaque année les recettes» et «on s'est habitués à ce déficit». Et il avançait un chiffre précis : «chaque seconde, la dette de la France augmente de 5 000 euros.» Etait-il si alarmant ? Oui et non, à en croire Alain Madelin, ancien ministre de l’Economie et député européen.

D’après lui, avec ce gouvernement désormais renversé, la situation est on ne peut plus claire : «On se trouve dans une situation où la crise de la dette peut s'aggraver», alerte-t-il. Sur BFMTV, l’ancien ministre illustre ses craintes des propos qu’il a entendus dernièrement de Français qui n’attendent qu’une chose : l’intervention du FMI. D’après lui, «ils pensent que nos problèmes ne seront pas résolus tant qu’on aura pas touché le fond». Et s’il considère que «c’est stupide», il a déjà entendu ce genre de choses à plusieurs reprises.

Une trajectoire comme la Grèce ou le Portugal ?

Mais Alain Madelin a tenu à rassurer sur BFMTV : «Le FMI n’interviendra jamais.» Il poursuit : «Si on avait des difficultés extrêmement graves, ce serait l’Europe qui interviendrait en première ligne avec éventuellement la Troïka qui comprend le FMI», ajoutant que l’Union européenne et la banque européenne seraient les premières à intervenir. «Ne craignons pas quelque chose d’abominable à régler», met-il en garde.

L’ancien ministre a également utilisé la métaphore du monde médical pour décrire la situation actuelle : «Si vous arrivez dans une telle situation, vous quittez la maladie que l’on peut soigner de manière ordinaire et vous arrivez sur le bloc chirurgical», a-t-il imagé, en citant les exemples des dettes de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal. «On flirte avec le danger», ajoute-t-il.

L’ancien député français plaide enfin pour «le bon diagnostic» afin d’«aller soigner la maladie au fond». Interrogé également sur le vote de confiance voulu par le Premier ministre, Alain Madelin considère que François Bayrou «n’aurait dû venir avec ce budget-là», et si tel est le cas, c’est qu’il «a échoué en interne». Il n’aurait pas non plus été assez soutenu : «La réforme annoncée l’année dernière a fait pschitt ce qui explique ses déboires aujourd’hui.»