Les premiers jours de Sébastien Lecornu à Matignon sont scrutés de près, et ils n’ont pas débuté sous les meilleurs auspices. Un premier rendez-vous avait lieu mercredi 24 septembre avec l’intersyndicale, mais celui-ci a été… manqué puisque les organisations syndicales ont d’ores et déjà appelé à la mobilisation le 2 octobre prochain. «C'est une occasion manquée. Le compte n'y est pas. Le Premier ministre n’a apporté aucune, aucune réponse claire», a notamment tancé la CFDT. Mais le nouveau Premier ministre veut tenter de rassurer, et auprès du Parisien, il vient de dévoiler ce vendredi 26 septembre sa toute première feuille de route fiscale. Que faut-il en retenir ?

Un budget «robuste aux alentours de 4,7% de déficit»

Dans son propos liminaire, le nouveau locataire de Matignon a été clair : «Il est hors de question de préparer un budget d'austérité et de régression sociale.» Pourquoi ? «Parce qu’il y a des attentes sociales fortes dans notre pays.» Malgré le budget proposé par François Bayrou, Sébastien Lecornu affirme qu’il va tenir compte de ses consultations avec les organisations syndicales et va «repartir d'une feuille blanche». Pour cela, il compte proposer «un projet robuste aux alentours de 4,7% de déficit», contrairement aux 4,6% prévus par François Bayrou. Pour expliquer cela, il cite la suppression des deux jours fériés à laquelle il renonce.

Pas de suspension de la réforme des retraites

Autre sujet sensible et de revendication des organisations syndicales : la réforme des retraites. Rappelant qu’aucun gouvernement «n’a jamais remis en cause une réforme des retraites d’un gouvernement précédent», le Premier ministre se dit ouvert au débat et ne considère d’ailleurs pas que la réforme Borne «est achevée». En revanche, il s’oppose à une suspension de la réforme, «ça ne réglerait aucun problème», affirme-t-il, notamment parce que certains éléments de cette réforme sont «utiles aux salariés». Il cite la majoration de la retraite minimale de 100 euros par mois, la création d’une assurance vieillesse pour les aidants, ou la surcote des pensions pour les mères de famille dès 63 ans.

Pas de taxe Zucman, mais plus de «justice sociale»

Reprenant à certains égards les arguments mis en avant par le fondateur de Mistral AI, Arthur Mensch, le Premier ministre répond à la gauche qui souhaite absolument mettre en place la taxe Zucman. «Est-ce que la taxe Zucman est la bonne réponse ? La seule réponse ?», questionne-t-il dans Le Parisien. Et de répondre : «Personnellement, je ne le crois pas.» En revanche, Sébastien Lecornu concède qu’il faudrait «être sourd pour ne pas entendre que les Français demandent plus de justice fiscale». Un sujet qu’on «ne peut pas balayer d’un revers de main», ajoute-t-il, notamment en vue du redressement des finances publiques.

Pas de retour de l’ISF

Poursuivant son argumentaire sur le débat sur la taxe Zucman, qui ne prend pas, selon lui, assez en compte «les impacts en termes d’emploi, d’investissement et de compétitivité», Sébastien Lecornu a mis fin aux rumeurs d’un retour de l’Impôt sur la fortune (ISF) : «Le gouvernement ne l’envisage pas.»

Assurance-chômage : traquer les abus

La réforme de l’assurance-chômage, réclamée par certains élus du bloc central, est-elle une piste à envisager dans le cadre du budget 2026 ? Là aussi, le Premier ministre se montre prudent, qualifiant le sujet «d’avenir». Il met l’accent sur les ruptures conventionnelles, dont «tout le monde convient (qu’elles) peuvent donner lieu à des abus». Sur cette question, il plaide une nouvelle fois pour le dialogue social.

Vers une réforme de l’aide médicale d’Etat

Citant un rapport qui fait des «préconisations», Sébastien Lecornu laisse entendre qu’il ne compte pas supprimer l’aide médicale d’Etat. Toutefois, des «évolutions» sont envisageables notamment pour lutter contre la fraude. Il plaide pour «l’efficacité plutôt que les effets de manche».

L’Etat doit donner l’exemple

Enfin, dernière leçon à tirer de cette première feuille de route : l’exemple que doit donner l’Etat pour réaliser des économies. Sébastien Lecornu envisage de réduire de six milliards d’euros «le train de vie» de l’Etat afin qu’il «donne l’exemple». Il va aussi présenter au Conseil des ministres un «projet de loi ambitieux de lutte contre les fraudes sociales et fiscales» et un plan pour une «meilleure maîtrise des dépenses sociales et des collectivités territoriales».