
Une promesse qui sonne creux. Le Premier ministre a donné quatre premières propositions pour réduire les impôts des Français ce jeudi 2 octobre. Parmi elles, une a particulièrement retenu l’attention des observateurs politiques et économiques : la «baisse de l’impôt sur le revenu sur les couples au Smic». Comme l’explique au Parisien, la députée PS Estelle Mercier, spécialiste des questions budgétaires, «il est extrêmement rare qu’un couple au Smic paie l’impôt sur le revenu».
En effet, pour être imposé sur le revenu, il faut qu’un couple gagne presque 36 000 euros par an. Or le Smic est fixé à 1 426,30 euros nets par mois en 2025. Autrement dit, un couple dont les deux membres seraient au Smic n’atteint pas plus de 34 231 euros par an. L’impôt concerne «seulement ceux qui ont des revenus du patrimoine en plus du Smic», étaye Estelle Mercier. L’effet prévu par la mesure risque donc d’être très limité.
«Légèrement» au-dessus du Smic
Le cœur du problème se situe dans le mécanisme de «décote» qui réduit déjà drastiquement les impôts payés par un smicard seul ou en couple. Par ailleurs, de nombreux cas de figure réduisent encore la probabilité pour ces couples de payer cet impôt. La prime d’activité, par exemple, qui peut être demandée par des foyers à revenus modestes, n'est pas prise en compte dans le calcul des impôts. Et si le couple a un ou plusieurs enfants, alors le revenu annuel qu’il doit atteindre pour être imposé grimpe encore puisqu’il est divisé par la taille de la famille. Ainsi, la plupart des couples payés au Smic ne sont pas imposables ou très rarement.
Interpellé par différents médias, le cabinet du Premier ministre a fini par délivrer une version légèrement amendée de la proposition initiale, précisant que la mesure s’appliquerait aux foyers gagnant «légèrement» plus que le Smic. La proposition a suscité de vives réactions dans la classe politique. Certains parlementaires ont qualifié les promesses de Sébastien Lecornu de «bricolage». «C’est de la brasse coulée» estime le même député, spécialiste des questions budgétaires. «On ne voit pas le début d’une orientation avec de vraies perspectives».


















