D’un côté, Emmanuel Macron tente de resserrer les liens. Dans le cadre de la première édition de «Choose France», le chef de l’Etat a voulu rassurer les patrons et entrepreneurs lors d’un dîner à l’Elysée. De l’autre côté, son Premier ministre semble s’agacer, explique Le Parisien. En cause, la lettre qu’il a reçue en fin de semaine dernière où treize organisations patronales, dont le Medef, la CPME, l’U2P ou le Mouvement des Entreprises de Taille intermédiaire (METI), rappellent que «l’entreprise n’est pas une charge, mais une chance». Surtout, elles déplorent les «53 milliards de hausses de fiscalité» d’euros imposés aux entreprises.

Pourtant, selon Sébastien Lecornu, rien n’est fait. C’est ce qu’il a répété selon Le Parisien devant les députés d’Horizons à l’Assemblée nationale : «Que des organisations professionnelles, en plus, relaient des taxes qui n’existent pas auprès de sa base, je ne laisserai pas faire !», a-t-il lancé, jugeant également «problématique» le fait que «le monde économique s’inquiète avec des problèmes et des taxes qui n’existent pas». Il avait d’ailleurs demandé lors du sommet «Choose France» d’«arrêter de faire comme si tout ce qui a été voté est définitif».

Seulement 17 milliards de taxes ?

Surtout, l’entourage de Sébastien Lecornu réfute en bloc les 53 milliards de taxes évoquées par les organisations patronales. Dans un entretien accordé au Parisien, le ministre des Petites et moyennes entreprises (PME), Serge Papin, avait été le premier à dégainer, laissant entendre qu’il n’y avait que 17 milliards d’euros de taxes prévues. «Il y a 36 milliards d’euros de taxes qui ne fonctionnent pas juridiquement. Elles ne pourront pas figurer dans le texte final», expliquait-il. Un autre ministre, celui du Travail, Jean-Pierre Farandou, est aussi monté au créneau reprochant par exemple au Medef le boycott de la «conférence sur le travail et les retraites».

Les proches de Sébastien Lecornu s’agaceraient à leur tour et auraient évoqué «l’ingratitude» du patronat : «Depuis huit ans, on leur a apporté beaucoup de preuves d’amour et, en échange, on a quoi ? Rien !», auraient-ils déploré en privé, se lamentant sur l’absence de soutien lors de plusieurs réformes. A tel point que Sébastien Lecornu serait «exaspéré». Un de ses proches aurait même ajouté : «Comment le patronat peut-il continuer à jouer sur les peurs, au risque de nourrir l’instabilité ? C’est irresponsable !»

Plusieurs rencontres ces dernières semaines

Depuis sa prise de fonction, Sébastien Lecornu a toutefois rencontré Patrick Martin (Medef) à cinq reprises, tout comme ce dernier a été reçu à Bercy par Amélie de Montchalin. Au gouvernement, on juge que des efforts ont été consentis, avec notamment la position de fermeté sur la taxe Zucman. Le dialogue est-il rompu ? Le Medef justifie pour l’heure sa position : «Nous avons le rôle du redresseur de torts. Mais si on ne le fait pas, qui le fera ?» Difficile d’y voir des signes possibles de réconciliation.