La CGT tire le signal d'alarme. Le syndicat a présenté mardi 27 mai une version actualisée de sa carte des plans de suppression d'emplois en France. Elle dénombre désormais 381 plans sociaux sur tout le territoire depuis septembre 2023, contre seulement 132 recensés entre 2023 et 2024. Au total, selon le décompte de la CGT, près de 300 000 emplois sont directement menacés avec ces plans sociaux, dont près de la moitié dans le seul secteur de l’industrie.

La situation est d’autant plus critique que ces chiffres seraient largement minorés selon Sophie Binet. «Tous les petits plans de licenciement ne sont pas décomptés, c'est-à-dire que toutes les PME et les établissements de taille intermédiaire ne sont malheureusement pas dans nos radars, alors que ce sont les premiers à souffrir», a expliqué mardi 27 mai la secrétaire générale de la CGT lors d’une conférence de presse.

Pour la CGT, nul doute que la situation sur le front de l’emploi ne cesse d'empirer depuis plusieurs mois. «Il y a presque un an, nous tirions déjà la sonnette d'alarme, pour alerter sur le mouvement de désindustrialisation qui s'enclenchait, poursuit Sophie Binet. A l'époque, notre première carte des plans de licenciement avait été accueillie par un silence assourdissant.»

Une tendance de fond

Alors qu’en sera -t -il dans les prochains mois ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que la direction de la CGT se montre particulièrement inquiète. «Nous sommes sur une tendance de fond avec un tissu industriel qui ne cesse de s’affaiblir, poursuit Baptiste Talbot, membre de la direction de la CGT, chargé de la coordination des luttes, interrogé par Capital. Nos syndicats nous remontent des grandes difficultés dans les secteurs de l'automobile, de la chimie et du papier. Nous craignons une nette dégradation de la situation avec d’autres plans de suppressions d’emplois à venir dans les prochains mois.»

Parmi les points chauds identifiés par la CGT, le plan social à venir annoncé par le numéro deux mondial de la sidérurgie ArcelorMittal, qui pourrait déboucher sur la suppression de 600 postes en France. L’avenir incertain du site industriel de Stellantis à Poissy, qui emploie 2 600 personnes, inquiète également le syndicat, qui craint un arrêt de la production dès 2027.

Mais l’industrie est loin d’être le seul secteur d'activité en difficulté puisque les plans sociaux pourraient également se multiplier dans le secteur du commerce, qui souffre de la concurrence du e-commerce. La CGT redoute notamment les plans sociaux à venir chez l'enseigne de décoration Casa, qui a annoncé la fermeture de ses magasins en France. Plus de 600 postes sont ainsi menacés. Même inquiétude pour l'enseigne de vêtements Jennyfer, qui a récemment été placée en liquidation judiciaire. «Si le gouvernement ne change pas rapidement de cap, en mettant fin à la politique de l’offre qui ne fonctionne pas et en utilisant des leviers tels que la nationalisation dans certains cas, les plans sociaux ne vont cesser de se multiplier», annonce Baptiste Talbot.