Ils sont 34 dans le gouvernement formé à la hâte ce week-end par Sébastien Lecornu. Autant de ministres passés à la loupe depuis leur nomination, qu’ils soient issus de la classe politique d’ailleurs, ou arborant des profils plus «techniques». Mais à peine 48 heures après leur nomination, certains sont déjà rattrapés par des «affaires». Avant même de parler de ses ministres, Sébastien Lecornu a été repris de volée au mois de septembre par Mediapart sur ses diplômes. Visé par une plainte du Syndicat national des agents publics de l’Education nationale (Snapen) pour ne pas avoir validé la deuxième année de son Master de droit public, le Premier ministre a déposé plainte à son tour pour «dénonciation calomnieuse».

Les «jetons de présence» de Sébastien Lecornu

Mais ce n’est pas tout. Comme le rappelle Actu.fr, l’ancien ministre des Armées a été visé par une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) pour «prise illégale d’intérêts» et «omission de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique». Cette enquête concernait les quelque 8 000 euros de «jetons de présence» alors qu’il dirigeait le département de l’Eure. Il lui était reproché, entre avril 2016 et juin 2017, d’avoir, en tant qu’administrateur rémunéré de la Société d’autoroutes Paris-Normandie (SAPN), fait adopter pour son département quatre délibérations en rapport avec la SAPN. Il avait finalement remboursé et échappé au procès.

La proximité de Stéphanie Rist avec les laboratoires

Outre Sébastien Lecornu, ce sont certains de ses nouveaux ministres qui font déjà polémique. C’est le cas par exemple de la nouvelle ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Députée depuis juin 2017, il avait été reproché dès l’année suivante à Stéphanie Rist de figurer parmi les députés «les plus gâtés» par les laboratoires. Elle aurait perçu en cinq ans environ 40 000 euros de contrats en sa qualité de rhumatologue pour des formations ou des communications en lien avec des laboratoires. A son entrée au Parlement, elle avait annoncé avoir cessé ses activités et renoncé à ses derniers émoluments.

Le ministre du Logement rattrapé pour une affaire... de logement

Autre nouveau ministre épinglé : Vincent Jeanbrun. Qualifié de personnalité clivante, il a été maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) pendant dix ans avant d’être élu député en juillet 2024. Une enquête avait été ouverte contre lui le 2 septembre 2024 par le parquet de Créteil pour prise illégale d'intérêts, recel de prise illégale d'intérêts et concussion. Il lui est reproché d’avoir attribué à son directeur et chef de cabinet des pavillons appartenant à un syndicat intercommunal pour un loyer «modique» de 750 euros. L’enquête est toujours en cours et Vincent Jeanbrun conteste formellement.

La comparaison polémique du ministre de l’Education

Enfin, parmi les nouveaux entrants, c’est une petite phrase du ministre de l’Education nationale, Edouard Geffray, lourde de conséquences qui a été remise sur le devant de la scène. L’affaire remonte à 2019 lorsqu’une directrice d’école de Pantin (Seine-Saint-Denis), Christine Renon, s’était suicidée dans son établissement. A l’époque, selon Mediapart, Edouard Geffray, qui était directeur général de l’enseignement scolaire, aurait prononcé : «Cette jurisprudence s’applique à n’importe quel accident, par exemple, si je tombe dans l’escalier», permettant ainsi à l’Education nationale de se dégager de toute responsabilité. Ces propos, comparant deux événements bien distincts, avaient été très mal perçus par le corps professoral, rappelle Actu.fr

Gérald Darmanin blanchi, Rachida Dati poursuivie

D’autres membres du gouvernement, mais qui étaient déjà présents dans les précédentes équipes, sont aussi impliqués dans des affaires. C’est le cas de Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, visé par une plainte pour «viol», «harcèlement sexuel» et «abus de confiance» et une autre pour «abus de faiblesse», mais elles avaient toutes été classées sans suite. Quant à Rachida Dati, elle a été renvoyée pour corruption et trafic d’influence aux côtés de l’ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn. Une enquête est également ouverte pour non-déclaration de bijoux de luxe et pour des «honoraires» non déclarés émanant de GDF-Suez.