
C’est l’épilogue émouvant d’une affaire qui a captivé le Lot‑et‑Garonne durant de longs mois. Jeudi 16 octobre, le jeune Lucas Wafflart, 18 ans, a finalement racheté aux enchères la ferme de son grand‑père, Bernard Giol, située à Mauvezin‑sur‑Gupie. Montant de l’acquisition : 115 000 euros, rapporte Le Républicain. Une somme bien au-dessus des prévisions, alors que le prix de départ avait été fixé à 11 050 euros. La veille de la vente, le jeune homme confiait à nos confrères son stress grandissant, apaisé cependant par la présence rassurante de ses grands-parents. Lucas Wafflart pensait n’avoir aucun concurrent face à lui.
Mais rien n’a été simple dans cette bataille entamée des mois plus tôt, après la mise en liquidation judiciaire de l’exploitation familiale. Une première tentative de vente avait eu lieu dès le mois de juillet, avec une mise à prix de 140 000 euros — un montant bien trop élevé pour la famille. Rapidement, la solidarité locale s’était mise en marche. Sur les réseaux sociaux comme dans la presse régionale, un mot d’ordre avait émergé : que personne ne surenchérisse. «Pour qu’il n’y ait pas d’autre acquéreur», expliquait alors au Parisien Karine Duc, présidente par intérim de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne.
Une victoire au goût amer
Cette mobilisation avait porté ses fruits : faute de candidats, le prix avait été revu à la baisse, fixé à 10 045 euros pour une nouvelle vente. Mais un retraité avait alors surenchéri de 10%, suscitant une vive indignation dans le monde agricole. Face à la pression, il s’était finalement désisté. Conformément à la loi, cette surenchère avait néanmoins entraîné une seconde vente, fixée au 16 octobre, avec un nouveau prix plancher de 11 050 euros. Ce jour-là, la tension était palpable dans la salle. Contre toute attente, un avocat, Me Touge, représentant un particulier, n’a cessé de surenchérir, plongeant l’assemblée dans l’inquiétude.
Finalement, c’est l’association Plan rouge agricole, créée en 2005 par la Chambre d’agriculture, qui est intervenue. Grâce à Me Bossut, avocat de Lucas Wafflart, elle a remporté l’enchère pour 115 000 euros, au nom du jeune homme. Un soulagement pour Lucas, mais un goût amer pour certains. «Nous sommes écœurés que la vente ait atteint ce prix-là. Des gens n’ont aucun scrupule à assassiner des agriculteurs», a réagi José Pérez, président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, dans les colonnes du Républicain. Malgré tout, l’essentiel est sauf : grâce à l’élan de solidarité d’un territoire tout entier, Lucas Wafflart pourra un jour réaliser son rêve — reprendre l’exploitation de son grand-père, une fois ses études terminées.



















