Après avoir continué sa remontada impressionnante en 2024, Renault doit se contenter de performances plus modestes. Ce jeudi 24 avril, le groupe automobile français a dévoilé ses résultats financiers pour le premier trimestre de 2025. Dans un contexte chahuté pour les ventes de voitures neuves, l’entreprise a réussi à maintenir son chiffre d’affaires à peu près au même niveau : à 11,7 milliards d’euros, celui-ci a seulement baissé de 0,3% sur un an. D’un point de vue commercial, les marques du groupe (Alpine, Dacia et Renault pour les plus connues) peuvent se féliciter d’avoir fait mieux que la moyenne du marché. Tandis que les ventes de voitures au niveau mondial ont baissé de 2% en ce début d’année, Renault a vu ses ventes progresser de 2,8%, avec 565 000 véhicules écoulés.

«Merci pour cette matinée peu stressante avec des chiffres en ligne (avec les objectifs, nldr)», a salué Philippe Houchois, analyste au sein de la banque Jefferies, lors d’un échange entre la direction et les investisseurs. Renault ne dévoile pas ses chiffres de rentabilité au premier trimestre mais le groupe a tout de même envoyé un signal rassurant aux analystes, puisque les objectifs pour 2025 ont été confirmés, à savoir atteindre une marge opérationnelle supérieure ou égale à 7%. Certes, ce ne serait pas beaucoup plus qu’en 2024, où Renault avait déjà dégagé une marge de 7,4%, mais le groupe insiste sur l’impact négatif des réglementations européennes sur les émissions de CO2 : les redoutables normes CAFE devraient coûter un point de marge à l’entreprise, selon ses propres estimations.

Renault prépare les esprits à une nouvelle chasse aux coûts

Contrairement à son grand rival, Stellantis (maison mère de Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep…), Renault n’est pas installé aux Etats-Unis. Ainsi, le groupe français n’est pas autant exposé aux droits de douane installés par le nouveau président américain Donald Trump, qui veut bannir les voitures européennes de ses routes. La guerre commerciale n’en reste pas moins un sujet de vigilance. Car dans les dernières lignes de son communiqué, l’entreprise évoque une nouvelle chasse aux économies. «Dans un environnement macroéconomique instable, Renault Group a décidé d’engager de manière proactive des mesures complémentaires de réduction de coûts», a déclaré Duncan Minto, directeur financier de Renault.

Pour l’instant, aucun chiffre n’a été donné sur ce nouveau plan d’économies. «Nous ne parlons pas de mesures radicales», a tenté de rassurer Duncan Minto. Le directeur financier a ainsi indiqué qu’il n’y aurait pas d’impact sur le lancement des véhicules. Mais au moins un projet va être retardé : le lancement de la marque sportive Alpine aux Etats-Unis. «Compte tenu de ce qui se passe actuellement aux États-Unis, je ne pense pas que ce soit le bon moment de dépenser de l’argent pour ces études. Nous avons donc reporté ce projet», a développé Duncan Minto.

Le patron de la marque Renault, Fabrice Cambolive, a mentionné un autre levier, plus positif : «La meilleure manière de réduire les coûts, c’est de passer moins de temps à développer les véhicules et les lancer plus rapidement sur le marché.» Une philosophie inspirée des constructeurs chinois et qui va être mise en œuvre sur la future Renault Twingo électrique, attendue dès 2026 dans les concessions. En attendant, l’année 2025 va être rythmée par d’autres lancements sur lesquels Renault mise beaucoup : le lancement de la version la moins chère de la Renault 5 électrique à 25 000 euros, celui de la Renault 4 électrique, de l’Alpine A390, des voiturettes Mobilize Duo et Bento et enfin, dans le domaine des véhicules thermiques, du SUV Dacia Bigster.

Ces nouvelles économies risquent tout de même d’inquiéter les syndicats. Quand ses finances avaient basculé dans le rouge en 2019, Renault avait déjà été contraint d’engager de sérieuses coupes, supprimant des milliers de postes en France. Si le groupe français a retrouvé des couleurs depuis, sous l’impulsion de son patron Luca de Meo, il a dû faire de nouveaux choix difficiles en 2024. En refusant de s’engager sur un volume de commandes, le constructeur automobile a contribué à la fermeture de son ancienne filiale, la Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan). Le groupe a aussi mis fin au projet de moteur F1 d’Alpine dans son centre d’ingénierie de Viry-Châtillon (Essonne). Plus récemment, en février, sa coentreprise Hyvia a été liquidée face aux déceptions sur le décollage de la mobilité à hydrogène. Reste à savoir si l’entreprise pourrait être acculée à d’autres renoncements.