Pas de retour en arrière sur l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans à partir de 2032. Alors que la délégation paritaire permanente (DPP) - nouveau nom du conclave - sur les retraites doit tenir son ultime réunion, mardi 17 juin,«l’amélioration» de la principale mesure portée par la réforme des retraites de 2023 n’est semble-t-il plus à l’ordre du jour. Mais d’âge il sera encore question pour la CFTC, qui pousse en faveur d’un abaissement de 67 à 66 ans de l’âge d’annulation de la décote. Un assouplissement des règles de départ qui profiterait «principalement aux femmes qui doivent travailler jusqu’à 67 ans à cause de trous dans la raquette dûs aux périodes de maternité, détaille à Capital Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC en charge des retraites. Les hommes qui perçoivent de petits salaires sont également concernés», complète la cheffe de file de la Confédération française des travailleurs chrétiens dans le conclave sur les retraites.

Mais que changerait, précisément, cette mesure ? Pour le comprendre, il faut revenir sur le mécanisme de la décote, un malus appliqué au montant de la pension des retraités qui n’ont pas obtenu le nombre suffisant de trimestres d’assurance pour profiter d’une retraite à taux plein. Une durée de cotisation fixée à 169 trimestres pour la génération 1962, 170 trimestres pour les travailleurs nés en 1963, 171 trimestres pour ceux nés en 1964 et qui doit atteindre un pic à 172 trimestres (soit 43 annuités) pour la génération 1965 et les suivantes.

Actuellement, un salarié qui liquide sa retraite avec tous les trimestres requis touche une pension égale à 50% de son salaire annuel brut moyen calculé sur ses 25 meilleures années. Sans avoir obtenu le nombre de trimestres exigé, il subit une décote de 1,25% par trimestre manquant, sauf s’il prend sa retraite à 67 ans, âge qui permet de partir avec le taux plein. Dans cette situation, même sans avoir atteint le nombre de trimestres requis, vous évitez donc la décote.

«Nous souhaitions que l’on annule la décote à 65 ans»

Par exemple, si vous êtes né en 1963 et que vous comptez prendre votre retraite avec 165 trimestres sur 170 requis - il vous en manque donc 5 -, avec la décote, vous percevrez votre retraite affectée d’un coefficient minorant de 3,125% (0,625% x 5). Vous toucherez ainsi une retraite égale à votre salaire annuel moyen multiplié par le ratio entre le nombre de trimestres obtenus et celui requis, le tout multiplié par (50% - 3,125%). Un«malus» de 6,25% (3,125% x 2) qui sauterait à 66 ans si la demande de la CFTC est retenue. «A l’origine, nous souhaitions que l’on annule la décote à 65 ans, mais nous avons accepté de décaler cette borne d’un an à cause de son coût», précise Pascale Coton.

Car cette mesure est en effet très onéreuse. Pas moins de 1,2 milliard d’euros en 2030 et 5,5 milliards d’euros en 2045, selon les chiffrages du conclave sur les retraites. Interrogé sur l’abaissement de l’âge de la décote dans La Tribune Dimanche du 15 juin, le patron du Medef Patrick Martin a considéré qu’il «n'aurait de sens que si les organisations syndicales proposent des économies à due concurrence». Une contrainte que la CFTC, comme les autres syndicats, n’ont pas oubliée, Pascale Coton citant plusieurs pistes d’économies à mettre en face de la mesure, parmi lesquelles «rationaliser le cumul emploi retraite, sous-indexer les pensions ou encore limiter certaines carrières longues».

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