
Pour sauver sa tête, du moins pour le moment, Sébastien Lecornu a dû consentir à une mesure de taille : suspendre la réforme des retraites. Alors que les défenseurs du texte alertent sur les pertes liées à cette décision, d’autres veulent tout changer. C’est le cas de la CFTC. Invité de BFM Business lundi 20 octobre, son président, Cyril Chabanier, a défendu une autre vision de la réforme des retraites : le système à points. «Certains veulent l'abrogation et revenir à 62 ans, peut-être que certains veulent revenir à 60 ans... Nous on veut carrément changer de système de retraites», a-t-il lancé sur la chaîne économique, en plaidant pour une «réforme systémique».
Ce qui l’«insupporte» surtout, c’est de voir revenir dans les débats «tous les 4-5 ans» une réforme des retraites «qui change juste un paramètre». Déplorant que l’on touche soit les trimestres, soit l’âge, Cyril Chabanier a appelé à changer le système sur le long terme, et donc une réforme par points, comme cela avait été évoqué avant la pandémie de Covid-19. Pour cela, il s’appuie sur le constat de la Cour des comptes qui confirme qu’une réforme sur l’âge est «très bonne financièrement à court terme», mais «pas à moyen et long terme».
Eviter «de mettre le pays à feu et à sang»
Un tel système permettrait d’éviter de «mettre le pays à feu et à sang tous les 4-5 ans» et surtout de mettre en place davantage de justice. «Aujourd'hui, il existe 42 systèmes de retraite différents, par définition, je dirais presque par définition mathématique, ça ne peut pas être juste et équitable», a martelé le président de la CFTC sur BFM Business. Cyril Chabanier n’est pas le seul à défendre une telle mesure. Il y a quelques jours, l’ancien Premier ministre, Gabriel Attal, avait pointé du doigt un système «à bout de souffle» et plaidé pour le réformer complètement.
Selon lui, il y a un modèle à suivre, celui d’un système de retraite par points, sans âge légal de départ, et seulement fondé sur la durée de cotisation. Dans le même temps, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, avait également défendu un système à points afin que «les personnes [aient] la main sur l'âge auquel elles veulent partir». «Il y avait eu d'ailleurs des discussions fin 2017 sur est-ce qu'on fait un seul régime ou si on en fait trois, salariés, fonction publique et indépendants. Ce qui est déjà pas trop mal de passer de 42 à 3», a mis en avant le président de la CFTC.
La CFTC favorable à la capitalisation
Est-ce pour autant la solution idéale ? Si les Français étaient en très grande majorité opposés à la réforme Borne, ils étaient plus de la moitié à s’opposer à un système par points, a rappelé Cyril Chabanier, soulignant que «trois syndicats étaient pour et trois syndicats étaient contre». Le président de la Confédération s’est également dit favorable à la capitalisation. «Si on veut que les plus modestes, y compris les gens qui sont au Smic puissent avoir accès à ça, il faut le généraliser», a-t-il laissé entendre.



















