Un vote sans accroc. Mercredi 4 juin, les sénateurs ont voté à l’unanimité en faveur du projet de loi pour l’emploi des travailleurs expérimentés. Un texte qui transpose dans la loi l’accord national interprofessionnel (ANI) signé par les trois principales organisations patronales (Medef, CPME, U2P) et quatre syndicats représentatifs sur cinq (CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC).

Signe d’un large consensus, la version adoptée par les sénateurs n’a subi que très peu d’ajustements : une vingtaine d’amendements ont été déposés, mais aucun n’a été retenu. De quoi satisfaire pleinement le ministère du Travail, qui s’était engagé à «faire confiance aux organisations syndicales» : «La version adoptée par le Sénat et transmise à l’Assemblée nationale [avant son adoption définitive, NDLR] correspond exactement aux accords des partenaires sociaux», s’est félicité le cabinet d’Astrid Panosyan-Bouvet, dans un communiqué publié peu après le vote.

La retraite progressive à 60 ans après avoir cotisé 150 trimestres

Parmi les avancées obtenues lors des négociations à l’automne dernier : le retour de la retraite progressive dès 60 ans. Une manière de corriger l’une des injustices nées de la réforme des retraites de 2023, qui avait progressivement relevé l’âge d’accès au dispositif à 62 ans. Dès le 1er septembre, l’ensemble des salariés et fonctionnaires d’au moins 60 ans pourront donc réduire leur temps de travail, tout en percevant une partie de leur pension. A condition, toutefois, d’avoir cotisé au moins 150 trimestres.

Un point particulièrement salué par la ministre du Travail, qui y voit enfin le moyen de «sortir de la logique française très binaire, où l’on est soit 100% en emploi, soit 100% en inactivité». Il faut dire que nous sommes encore à la traîne en matière d’aménagement de fin de carrière. A la fin de l’année dernière, seuls 31 000 Français bénéficiaient de la retraite progressive, soit à peine 0,2% des retraités de droit direct. Un chiffre dérisoire, en partie lié au manque d’information sur le dispositif… mais aussi à des demandes tout simplement refusées.

Et c’est justement sur ce point que les syndicats ont fait chou blanc. Car aujourd’hui, pour accéder à la retraite progressive et donc obtenir un passage à temps partiel, encore faut-il décrocher l’accord de son patron. Or, le texte actuel ne prévoit pas de remettre en cause ce veto patronal. Il faudra donc patienter quelques jours pour savoir si les députés amenderont le texte en faveur des syndicats…