Françoise avait une première fois craint le pire, et avait été soulagée avec le report de la réforme. Pour un temps. En effet, le projet de modification des seuils de franchise de TVA issue du budget 2025 est toujours sur la table. La réforme seulement repoussée à 2026, Françoise ne décolère pas. Psychopraticienne exerçant sous le régime de l’auto-entrepreneur, elle sera directement touchée par cette révolution fiscale si la mesure n'est pas abrogée au Parlement à l'automne.

Actuellement, après déduction de ses charges et cotisations, Françoise Madec gagne entre 1 000 et 1 200 euros par mois. Et ce, en travaillant 8 à 10 heures par jour, du lundi au samedi. On est donc loin de l’image d’Epinal du patron oisif. «Mais ça me convient, je gagne ma vie, dit-elle. Mais si je rajoute 20% de TVA, sachant que je n’ai aucune chance de répercuter ces 20% sur mes honoraires, ce ne sera plus le cas», déplore-t-elle.

Surtout dans un secteur ultra concurrentiel où beaucoup travaillent “au black”. Augmenter de 20% ses consultations ? Pas une option pour elle. «Relever mes prix, ce n’est pas la peine d’en parler. Cela aura forcément des conséquences sur ma clientèle car c’est déjà une charge financière pour certains de venir me voir.» Comme pour tous les psychopraticiens, ses consultations ne sont en effet pas prises en charge par la Sécurité sociale, et seulement par certaines mutuelles sur une base de remboursement faible.

Une grande colère et incompréhension vis-à-vis de la réforme

Elle ne voit que trois possibilités si la réforme passe : «Le passage au black, au moins partiellement, la cessation d’activité ou des bidouilles. Des bidouilles, ça serait par exemple imiter un collègue qui m’a confié vouloir ouvrir une deuxième auto-entreprise au nom de sa femme.» De quoi diviser par deux son chiffre d’affaires et ainsi rentrer dans les nouveaux seuils limites pour ne pas avoir à facturer la TVA.

Des solutions toutes extrêmes et forcées en réponse à une possible réforme qui suscitent son incompréhension et son désarroi : «Je fais un métier passion et j’ai le sentiment de faire un métier utile. Je ne comprends pas le couperet.» Sur la question de la concurrence déloyale, arguée par les défenseurs de la réforme : «Cet argument est risible. On est sur des métiers de niche qui n’ont pas vocation à se développer, explique-t-elle. Cette réforme, c’est écraser un moustique avec une ogive nucléaire», résume-t-elle.