
Un choc pour les travailleurs. Le Premier ministre François Bayrou a proposé le 15 juillet la suppression de deux jours fériés pour réduire le déficit public. Une mesure qui touche directement à l’organisation du temps de travail des Français et qui soulève de nombreuses interrogations, au-delà de son impact économique. Pour comprendre pourquoi cette annonce suscite des réactions aussi vives dans le monde professionnel, nous avons interrogé Valentina Urreiztieta, psychologue du travail au sein du cabinet Empreinte humaine, spécialiste de la santé mentale des salariés.
Pourquoi la proposition du Premier ministre François Bayrou suscite-t-elle autant de réactions chez les salariés ?
Valentina Urreiztieta : Selon notre dernière étude publiée en avril 2025, 45% des salariés français se disent en détresse psychologique au travail. L’une des premières causes de ce mal-être, c’est la surcharge de travail, qui génère de la pression et de la fatigue qui s'accumule. Si cette annonce de François Bayrou suscite autant d’émotions, c’est parce que le lien entre les Français et le travail est déjà exacerbé. La plupart des travailleurs font face à des rythmes effrénés. Les jours fériés sont vus par beaucoup de personnes comme une période sécurisante, où il est possible de se reposer et de baisser la tête sereinement, puisque tout le monde est off. La suppression de cet espace peut être anxiogène.
Diriez-vous que les salariés ont l’impression de ne pas avoir été consultés sur ce sujet, ce qui ajoute à l'incompréhension ?
Oui. En France, il y a deux causes principales au mal-être des salariés au travail. La première, nous l’avons dit, c’est la surcharge de travail. Ensuite, on trouve le manque de considération, c’est encore plus vrai chez nous que dans d’autres pays. La plupart des salariés sont en quête de reconnaissance, ils ont l'impression que leur travail n’est pas assez considéré. Et ce, quel que soit leur niveau de fatigue ou de salaire. On ne leur demande pas leur avis sur la suppression des jours fériés, cela peut être vécu comme un sentiment d’injustice.
Le sujet du mal-être au travail est-il assez mis en avant par la classe politique selon vous ?
D’abord, il faut préciser qu’il y a un cadre légal très solide en France concernant la santé psychologique des personnes au travail. C’est une bonne chose et c’est loin d’être le cas dans tous les pays. En revanche, je pense que les politiques devraient davantage mettre l’accent sur la prévention des risques psychologiques dans les entreprises. Si on agissait en amont sur la santé mentale des salariés, ils seraient plus productif, d’une part, et il y aurait moins d'arrêts de travail. Cela permettrait à l’Etat de faire des économies bien plus importantes que celles générées par la suppression d’un ou deux jours fériés.



















