
Et si donner votre sang vous donnait droit à un peu de temps libre ? C’est l’idée portée par Pierre Cordier, député LR des Ardennes, à l’origine d’une proposition de loi adoptée fin mai à l’Assemblée. Le texte entend accorder à l’ensemble des travailleurs Français la possibilité de s’absenter de leur poste de travail pour participer à des collectes de sang, de plaquettes ou de plasma. Car «si le secteur public accorde déjà très souvent des autorisations aux fonctionnaires pour les collectes de sang, ce n’est pas forcément le cas du privé», constate le député ardennais. Ainsi, salariés et agents publics pourront s’absenter entre 60 et 90 minutes, le temps d’effectuer «l’entretien préalable, au renseignement du formulaire, au prélèvement et à la collation finale obligatoire», précise le texte de loi.
Mais attention, vous ne pourrez pas partir n’importe quand, ni n’importe comment. D’abord, vous devrez forcément vous rendre dans le centre de collecte le plus proche de votre lieu de travail. «Il ne s’agit pas de faire 150 kilomètres aller-retour pour aller donner son sang !», précise le député. Mais surtout, vous devrez obtenir l’accord de votre employeur. S’il estime que votre absence désorganise l’entreprise, il pourra tout à fait refuser votre demande. «L’objectif n’est pas que ce soit une contrainte de plus pour les indépendants», insiste Pierre Cordier. Alors pour éviter les mauvaises surprises, un délai de prévenance d’une à deux semaines est envisagé. «Mais tout cela devra être défini par des décrets d’application», précise le parlementaire. A condition que le texte soit définitivement adopté, bien sûr.
Un texte qui fait l’unanimité au sein des députés
Déjà adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, la proposition a reçu le soutien de tous les groupes politiques, à l’exception du MoDem et de l’Union des républicains(UDR). «Je suis très content de cette première étape, et du succès qu’a rencontré le texte auprès de l’ensemble des députés», se félicite Pierre Cordier, qui dit avoir reçu des encouragements de l’Etablissement français du sang et de l’Association des donneurs bénévoles.
Il faut dire que cette proposition de loi pourrait pallier la pénurie récurrente de dons en France. «Il faut 10 000 poches de sang par jour. Et dans les collectes mobiles, une fois que vous retirez les retraités et les habitués, il n’y a que 5 à 10% de donneurs actifs. C’est très peu», souligne Pierre Cordier, en précisant que ce texte pourrait égaler permettre au gouvernement de réduire la facture. Selon lui, chaque année, l’Assurance maladie dépense «500 millions d’euros par an pour importer du plasma des Etats-Unis». Un coup de pouce qui ne serait pas de refus, à l’heure où François Bayrou promet 43,8 milliards d’euros d’économies en 2026.



















