
Plus on s’approche de la retraite, plus il est difficile de conserver son emploi. La preuve : si plus de trois actifs sur quatre âgés de 55 à 59 ans sont en emploi (77,8%), ils ne sont plus que 40% à travailler après 60 ans. Décrocher un poste en tant que senior relève déjà de l’exploit, mais le conserver n’est donc pas une mince affaire non plus. Entre autres causes, le manque de considération de ces profils expérimentés dans les recrutements. En 2024, à peine 46% des entreprises certifiées en France affichaient une politique RH structurée en faveur des seniors, déplore Vincent Binetruy, directeur général de Top Employers, qui certifie les entreprises dotées des meilleures politiques RH. «Il y a cinq ans, 3 entreprises sur 4 faisaient pourtant de l’emploi des seniors un axe RH prioritaire.»
C’est pourquoi ce premier épisode de notre «guide de survie du senior au bureau», réalisé avec Top Employers, s’intéresse à un levier encore trop sous-exploité par les travailleurs de plus de 50 ans : le mentorat. Le principe est simple : un salarié expérimenté accompagne l’arrivée d’un collègue nouvellement recruté ou récemment promu. Un rôle valorisant, et surtout, très recherché : d’après l’Association nationale des DRH (ANDRH), 7 entreprises sur 10 organisent aujourd’hui des dispositifs de transmission avant les départs à la retraite, principalement sous forme de tutorat interne (60%). Car qui mieux qu’un salarié d’expérience pour former les nouveaux entrants ?
Le mentorat, «une solution gagnant-gagnant»
Et ça, Socomec l’a bien compris. Dans cette entreprise familiale de 5 000 salariés (dont plus d’un tiers en France), le tutorat fait partie intégrante de la culture maison. «Chez nous, le tutorat est complètement banalisé, mais surtout très valorisé, affirme Judith Maiffret, DRH du groupe. C’est une solution gagnant-gagnant. Le nouveau bénéficie d’un repère expérimenté pour faciliter son arrivée, tandis que le mentor voit son expertise reconnue et mise en valeur. »
Top Employers, ça sert à quoi pour les seniors ?
Chaque année, Top Employers passe au crible les pratiques RH des entreprises qui souhaitent obtenir le précieux sésame de la certification. Si cette labellisation constitue une belle vitrine pour les employeurs, elle offre surtout une boussole précieuse pour les salariés, seniors compris. Car en candidatant à un poste d’une entreprise certifiée Top Employers, on a la certitude que cette dernière voit l’âge comme un atout, pas comme un frein.
Pour les salariés de 50 ans et plus, Top Employers va par exemple vérifier si l’entreprise met en place des politiques de tutorat, des entretiens de seconde partie de carrière dès 45 ans – bientôt rendus obligatoires dans le cadre du projet de loi sur l’emploi des seniors -, ou encore des dispositifs de retraite progressive.
Les tuteurs sont promus plus facilement
Mais alors, valorisée comment ? «La reconnaissance peut être pécuniaire, mais elle prend aussi bien d'autres formes», insiste la DRH de Socomec. Par exemple, dans les entretiens de seconde partie de carrière, mis en place dans l’entreprise dès 45 ans. «Même si ça fait un peu mal à l’ego, c’est à partir de cet âge-là qu’on est considéré comme en deuxième partie de sa vie professionnelle», sourit-elle. Car dans ces entretiens, avoir tenu un rôle de tuteur pèse lourd. «Un salarié qui a accompagné un jeune stagiaire jusqu’à son embauche sera bien plus facilement identifié pour des fonctions managériales.» Autrement dit : le mentorat compte vraiment dans les parcours de développement et les mobilités internes. Et qui dit montée en responsabilité, dit souvent revalorisation salariale à la clé.
Alors si le mentorat vous intéresse, nul besoin d’attendre que l’on vous désigne ! Au contraire, «la démarche doit d’abord venir de vous», conseille Judith Maiffret. C’est une preuve de motivation, de professionnalisme, mais aussi une belle façon de se rendre visible et utile aux yeux de sa hiérarchie. Et pas question de vous lâcher dans le grand bain, puisque vous serez accompagné dans votre nouveau job de tuteur. Chez Socomec par exemple, chaque mentor est formé pendant quatre jours sur son temps de travail, donc payé. Il faut dire que les entreprises ont tout intérêt à le faire, puisque selon Vincent Binetruy, le mentorat permet aussi de pallier les départs mal anticipés : «On voit des entreprises rappeler leurs jeunes retraités parce qu’elles n’ont pas organisé la transmission. C’est aberrant, et surtout, cela coûte cher», constate-t-il. Du win-win !


















