Depuis des années, le secteur du transport routier fait face à une pénurie de candidats. Les employeurs peinent à recruter alors que les offres d’emploi dépassent largement les candidatures. D’après les dernières statistiques de France Travail, les difficultés de recrutement pour les entreprises sont au niveau le plus élevé.

Un constat renforcé par la dernière étude de l’Union des entreprises de transport et logistique de France (Union TLF). Selon cette étude, centrée sur le métier de conducteur routier, près de 40% des dirigeants de ce secteur déclaraient rencontrer des problèmes de recrutement en octobre dernier. En 2023, d’après l’Union internationale des transports routiers (IRU), 22 000 postes de conducteurs routiers n’étaient pas pourvus. Une tendance qui devrait s’aggraver dans les années à venir : l’Union TLF prévoit que d’ici une décennie, le manque de conducteurs et conductrices routiers pourrait atteindre 70 000 postes non pourvus.

Cette pénurie s’explique notamment par un renouvellement insuffisant des effectifs. L’étude souligne que pour 10 conducteurs qui vont partir à la retraite, il y a seulement trois jeunes recrues qui prendront la suite. En plus de cet effet démographique s'ajoute également l’augmentation des besoins à livrer dans les années à venir.

Conditions de travail et rémunération : des freins majeurs ?

Pour Nancy Noël, déléguée générale adjointe de l’Union TLF, ces difficultés s’inscrivent dans un contexte général. «Depuis la crise sanitaire du Covid-19, il y a beaucoup de secteurs qui ont des difficultés de recrutement, on se retrouve donc en concurrence sur le marché de l’emploi», détaille l’experte en charge des affaires sociales de l’organisation. Cette situation est aggravée par une chute du ratio candidat/offre : à l’été 2024, on comptait seulement 1,4 candidat par offre d’emploi, contre un ratio de 2 il y a une décennie.

La spécialiste, et passionnée du transport routier, estime qu’il n’y a pas de «solution unique» pour régler cette pénurie. Il y a déjà des efforts qui ont été faits sur les salaires souligne Nancy Noël : «Depuis les deux dernières années les salaires ont été revalorisés de 17% pour s’aligner sur l’inflation, et un peu au-delà». Pourtant, la rémunération n’est pas la seule solution, car «les entreprises qui accordent un treizième mois ont aussi des difficultés de recrutement.»

Au-delà de la question salariale, ce sont les conditions de travail qui doivent s'améliorer, martèle Nancy Noël. Par exemple, au quotidien «certains clients n’autorisent même pas l’accès aux toilettes pour les conducteurs, il y a un manque de considération», fait remonter la spécialiste. D’autres éléments sont aussi décriés comme le manque de places de parking sur les aires d’autoroutes mais aussi les horaires de livraisons décalés, rendus compliqués à cause des zones à trafic limité ou les zones à faible émission.

Appel à témoignages : le secteur du transport routier traverse une crise du recrutement sans précédent. Des milliers de postes restent vacants, et la tendance pourrait s’aggraver dans les années à venir. Conditions de travail, rémunération, reconnaissance du métier… Quelles sont, selon vous, les vraies raisons de cette pénurie ? Vous êtes conducteur routier ? Vous avez quitté le métier ou hésitez à y entrer ? Vous faites face à des difficultés au quotidien ? Nous voulons recueillir vos témoignages ! Racontez-nous votre vécu, vos attentes et les solutions qui, selon vous, pourraient améliorer la situation à l'adresse mail, [email protected], ou en cliquant sur le bouton, «Je témoigne», ci-dessous.

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