Toucher le jackpot en quittant son job ? C’est l’espoir séduisant de la rupture conventionnelle, ce dispositif de séparation à l’amiable entre salarié et employeur qui gagne chaque année en popularité. Pour preuve, en 2023, plus de 515 000 accords ont été signés, d'après les chiffres du ministère du Travail. Il faut dire que cette option se révèle bien plus avantageuse que la démission ou le licenciement, puisqu’elle vous donne droit à de généreuses compensations financières. Si des indemnités légales de licenciement - égales à ¼ de mois de salaire pour les 10 premières années d’ancienneté, puis ⅓ de mois de salaire par année d’ancienneté après 10 ans - sont prévues, vous pouvez aussi gonfler la mise en négociant une indemnité supra-légale avec votre employeur.

Mais avant de lui faire part de vos envies d’ailleurs, il serait sage de connaître le montant que vous pouvez espérer à votre départ. Selon un rapport de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), publié en août 2022, l'indemnité médiane perçue lors d'une rupture conventionnelle est de 1 465 euros. En clair, en 2021, la moitié des salariés ayant opté pour un départ à l’amiable ont reçu une indemnité supérieure à ce montant, tandis que l'autre moitié a perçu une somme inférieure. Mais attention, ce montant varie fortement selon votre ancienneté, votre statut professionnel ou encore votre secteur d’activité… Autant de paramètres qui peuvent tirer à la hausse - ou à la baisse - votre indemnité.

La rupture conventionnelle dépend surtout du statut

Bien souvent, lorsqu’il s'agit de marchander, les cadres tirent leur épingle du jeu. La négociation lors d’une rupture conventionnelle ne fait pas exception : en effet, 57% d'entre eux réussissent à décrocher une indemnité de départ dépassant d’au moins 5% celle prévue par la loi. Côté employés et ouvriers, c’est une autre histoire : seulement 19% et 17%, respectivement, atteignent cette performance. Plusieurs explications à cela. D'abord, parce que comme le souligne l’Association pour l’emploi des cadres, l’Apec, «les cadres, qui par leur métier sont rompus à la négociation, sont plus enclins à négocier leur salaire», et donc leurs conditions de départ. Une stratégie payante : selon la Dares, à ancienneté et salaire équivalents, les cadres touchent en moyenne 0,30 mois de salaire par année d’ancienneté, contre 0,25 mois pour les employés et ouvriers.

Mais ces indemnités de départ plus généreuses ne s’expliquent pas uniquement par la seule négociation : avec des salaires de base plus élevés, les cadres bénéficient mécaniquement d’indemnités plus importantes. Résultat, l’enveloppe de départ médiane des cadres est cinq fois plus importante : 5 280 euros, loin devant les 1 100 euros des ouvriers ou les 1 000 euros des employés. Si les écarts se tassent avec l’ancienneté, la tendance ne s’inverse pas pour autant : comptez 32 170 euros si vous êtes un cadre avec plus de 10 ans d’ancienneté, contre seulement 9 990 euros pour un ouvrier.

En bref, travailler dans des domaines où les emplois cadres sont plus nombreux, comme la banque ou l’assurance, augmente vos chances d’être dans la fourchette haute des indemnités. En revanche, les secteurs comme l’hébergement ou la restauration, où les postes qualifiés sont moins fréquents, se montrent bien moins généreux. A vous de faire valoir vos qualités auprès de votre patron lors de la négociation !