L'annonce était attendue. Bpifrance officialisera, mardi 14 octobre, le lancement d'un nouveau fonds dédié à l'investissement dans des entreprises françaises du secteur de la défense. Pour mémoire, le directeur général de la banque publique, Nicolas Dufourcq, en avait dessiné les contours dès le 20 mars dernier, au ministère de l'Economie et des Finances, lors d'une journée dédiée à l'investissement dans notre «Base industrielle et technologique de défense (BITD)». Cette «base» regroupe neuf grands groupes industriels et 4 500 PME-ETI et startups qui produisent en partie ou en totalité pour les armées.

C'est sur cette deuxième catégorie d'entreprises que permettra d'investir le fonds Bpifrance Défense, car il s'agit d'un produit dit de private equity, dont le but est d'apporter des financements dans des entreprises non cotées en Bourse (TPE, PME et ETI). Ce nouveau fonds pourrait ainsi regrouper un portefeuille de plus de 500 entreprises non cotées. Parmi elles, au moins 70% d'entreprises tricolores, mais aussi sans doute 30% de pépites européennes de ce même secteur. Le tout pour un ticket d'entrée modéré : à partir de 500 euros, et sans date limite de souscription : le fonds devrait être «evergreen», c'est-à-dire sans durée de vie, avec donc la possibilité «d'investir au fil de l'eau», avait déjà précisé Nicolas Dufourcq.

Blocage des fonds pendant 5 ans, mais la promesse d’un rendement élevé

En revanche, après avoir sauté le pas, il faudra accepter d'immobilier ses fonds durant quelques années : le ministre de l'Economie de l'époque, Bruno Le Maire, avait évoqué une durée de blocage de cinq ans. Avant ce délai, impossible de récupérer l'argent investi, sauf cas exceptionnels, en principe, comme le prévoyaient les précédents fonds Bpifrance : décès ou invalidité du porteur de parts, licenciement, etc. Il ne s'agira donc pas d'un produit d'épargne «liquide», ce qui est raccord avec les fonds traditionnels de private equity, sur lesquels il est conseillé de miser uniquement si on a six à dix ans devant soi.

Pour cet investissement de moyen-long terme, la promesse de performance sera élevée. Les précédents fonds de Bpifrance visaient un rendement cible non garanti de 8% à 10%, «net des frais de gestion, mais avant impôt», précise la banque publique. Une performance cohérente avec ce qu'il est habituellement possible d'espérer d'un fonds de private equity «grand public». Ceci en contrepartie, toutefois, d'un risque élevé de perte en capital : le précédent fonds de l'établissement, Bpifrance Entreprises 3, se situait par exemple à 6 sur 7 sur l'échelle du risque, selon son document d'informations clés (DIC). Ce qui pourrait également être le cas de Bpifrance Défense, les fonds de private equity étant généralement notés entre 6 et 7 sur 7.

Enfin, pour les investisseurs intéressés, comment pourra-t-on acheter des parts de ce fonds ? Bpifrance Défense devrait être accessible «en direct», avec la possibilité de souscrire sans intermédiaire auprès de l'établissement, via son site. Il est également possible qu'il soit ouvert aux contrats d'assurance vie, ou aux plans d'épargne retraite (PER), au travers des unités de compte (UC). Ce qui est le cas pour le premier fonds de ce type à avoir vu le jour le 16 juin dernier, le fonds Tikehau «Défense et Sécurité», disponible dans les contrats de Société générale assurances, de CNP Assurances et du groupe Carac.