
Les boursicoteurs en sueur. Ce lundi 7 avril, les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif (-6,8% pour le CAC 40, -5,75% pour le DAX) tandis que la Bourse de Tokyo a clôturé sur un plongeon de presque 8%. Un lundi noir qui accentue la déconfiture déjà observée sur les marchés boursiers la semaine passée, suite au relèvement massif des droits de douane à l'échelle mondiale annoncé par Donald Trump. Vendredi 5 avril, le Dow Jones avait cédé 7,13% sur la semaine, le S&P 500 8,66% et le Nasdaq Composite quasiment 9%.
Aussi, si vous êtes investi en actions via des ETF (ou «trackers») - ces instruments financiers qui répliquent la performance d'un actif ou d'un indice -, vos différentes positions sont sans doute orientées dangereusement à la baisse sur votre appli de trading ou de votre compte-titres. Dans ce marasme, comment faire face à la chute des cours et continuer à naviguer sereinement ? Voici quatre conseils pour passer la tempête boursière.
Ne surtout pas vendre au plus bas
Le tout premier conseil des professionnels en période de décrochage est celui de ne pas paniquer et, surtout, de ne pas solder vos positions quand les marchés sont au plus bas. Vous acteriez alors une moins-value, qui n’est que virtuelle tant que vous ne vendez pas vos titres. Surtout, vous risqueriez de rater la remontée des cours, et d'abandonner ainsi une part importante de vos potentiels gains.
Dans le «Grand Rendez-vous de l'épargne», Amélie Ziegelmeyer, directrice générale gestion privée chez Laplace, rappelait récemment que «sur les 10 dernières années, la performance des marchés actions est en moyenne de 8% par an. Mais si on loupe les 10 meilleurs jours de Bourse, on tombe à 2,40%, et si on loupe les 40 meilleurs, on chute à -6% de performance annuelle». Il faut donc avant tout garder à l'esprit que la performance sur les marchés financiers nécessite d'être investi sur le temps long.
Avec ce prérequis à l'esprit, il vous est possible, sans vendre vos parts d'ETF déjà acquises, de profiter de la baisse des marchés pour investir dans une nouvelle stratégie plus diversifiée en termes de géographie, de catégories d'ETF ou de secteurs.
La diversification reste clé
Pour limiter la casse, avoir le portefeuille d'investissement le plus diversifié possible va rester une stratégie à privilégier. Bonne nouvelle, donc, si vous avez misé sur des ETF, car ces instruments financiers sont par nature diversifiés. Investir sur tout un indice vous expose en effet à moins de fluctuations qu'en sélectionnant des actions d'entreprise à l'intérieur de cet indice : «Un portefeuille diversifié sur plusieurs titres fluctue moins que chacun de ces titres», rappelle l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Pour pousser plus loin cette diversification, et éviter selon l'adage «de mettre tous vos œufs dans le même panier», vous pouvez, par exemple, vous exposer à plusieurs grands indices mondiaux. Si vous étiez investi majoritairement sur les Bourses américaines - comme une grande partie des investisseurs français -, réallouer une partie de votre capital vers les indices européens (comme le Stoxx Europe 600, par exemple) ou émergents (Shanghai Composite, par exemple) peut être une option.
Enfin, pour une diversification encore plus vaste, il est possible d'opter pour un ETF de type «MSCI world», permettant d'être exposé à plus d'un millier de grandes entreprises du monde entier : «Les ETF diversifiés, tels que le FTSE World, offrent un fonds unique mondialement diversifié qui peut aider à amortir la volatilité», confirme Céline Haddad, experte en finances personnelles chez Plum.
Penser à d'autres catégories d'ETF
Il n'y en a pas que pour les actions dans la vie, et acheter un ETF ne signifie pas obligatoirement investir en titres d'entreprise. Dans le catalogue d'ETF éligibles à votre compte-titres, il est possible de consulter le DIC, document d'informations clés, dans lequel figure pour chaque «tracker» sa note de risque. Si les ETF investis en actions ont généralement une note de 6 ou 7 sur 7, il vous est aussi possible d'aller vers des ETF jugés moins risqués, notamment les ETF obligataires, notés entre 3 et 4 sur 7.
«A côté des ETF actions, il existe en effet une multitude d’ETF obligataires ou monétaires que les investisseurs peuvent privilégier dans les périodes d’incertitudes amenant plus de volatilité sur les marchés actions. (...) Les ETF les moins risqués sont généralement ceux qui investissent dans des obligations de haute qualité, telles que les obligations d'Etat ou les obligations d'entreprises les mieux notées (notation "Investment Grade")», rappelle Ivana Davau, responsable de la distribution digitale France, Belgique et Luxembourg chez BlackRock. «On pourra par exemple regarder les ETF obligataires européens comme le Vanguard EUR Corporate Bond UCITS ETF», précise Céline Haddad.
Dans le contexte actuel, un ETF adossé au cours de l'or peut également être une solution de repli, avec des perspectives de hausse potentielle suite aux annonces de Donald Trump. L'ETF Amundi Physical Gold par exemple est toutefois un peu plus risqué, avec une note de 4 sur 7. Enfin, si vous souhaitez rester investi en actions, opter pour des ETF équipondérés ("equal weight" en anglais) est une solution à envisager pour réduire la volatilité, en particulier sur les grands indices américains, dont la performance est actuellement corrélée à un nombre très restreint de valeurs technologiques (on pense aux «7 Magnifiques» : Nvidia, Appel, Meta, etc.). En faisant le choix d'un ETF dans lequel chaque entreprise a le même poids, «on gagne moins quand le cours de l'indice part à la hausse, mais surtout, on perd moins quand il chute», explique Bertrand Haumesser, associé gérant chez Elea Capital.
S'exposer à des secteurs ou thématiques plus résilients
En période d'effondrement boursier, certains secteurs économiques sont également réputés plus résilients. C'est le cas des secteurs dits «défensifs», c'est-à-dire dont l'activité a le plus de chance de se poursuivre malgré le marasme boursier. On peut regarder par exemple les secteurs qui ont le mieux résisté aux annonces de Donald Trump la semaine dernière : celui de la distribution d'énergie, de la consommation de base, ou encore de la santé. Un indice comme le MSCI World Consumer Staples va par exemple se concentrer sur des entreprises de grande consommation à l'échelle du globe (Carrefour, Nestlé, Mondelez, Heineken, etc.)
Seconde solution : parier sur la remontée de secteurs actuellement peu performants en Bourse, et qui ont donc, statistiquement, davantage de chances de repartir à la hausse que des secteurs déjà très valorisés, comme les hautes technologies. Selon les données de Bloomberg compilées par le distributeur d'ETF Xtrackers (by DWS), les trois secteurs ayant le moins performé en 2024 sont l'énergie (+2,70%), la santé (+1,13%), et les matériaux industriels (-5,50%).
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