
Si vous comptez sur MaPrimeRénov’ pour financer l’isolation de vos murs, ne tardez pas ! Un décret et un arrêté ministériels, publiés ce mardi 9 septembre, prévoient de supprimer l’éligibilité de deux gestes de travaux à la principale aide publique à la rénovation énergétique des logements, à partir du 1er janvier 2026 : l’isolation des murs et l’installation de chaudières biomasse (à bois ou à granulés), dans le cadre du parcours par geste de MaPrimeRénov’ (par opposition aux rénovations d’ampleur associant plusieurs gestes).
L’objectif ? «Permettre une maîtrise de la dépense publique», explique le rapport de présentation joint aux deux projets de textes réglementaires, que Capital a pu consulter. Une «mauvaise surprise» pour Audrey Zermati, directrice de la stratégie d’Effy, une société spécialisée dans l’efficacité énergétique. «Plus d’un dossier de demande (de MaPrimeRénov’) sur 10 concernait ce type de travaux au premier semestre» 2025, souligne-t-elle. «La fin du soutien à l’isolation des murs, un des gestes les plus efficaces pour réduire les déperditions thermiques, constitue une erreur stratégique. Supprimer son soutien revient à priver les ménages d’un levier abordable pour réduire leur facture» d'énergie, renchérissent ses confrères d'Hello Watt. «La politique énergétique de la France est sacrifiée sur l’autel de Bercy !», gronde de son côté Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment. Seule consolation, l'isolation des combles et des sols et le chauffage biomasse via les poêles demeurent éligibles à MaPrimeRénov', précise le cabinet de la ministre du Logement, Valérie Létard.
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Réouverture de MaPrimeRénov’ le 30 septembre pour les gros travaux
Audrey Zermati note en revanche «une bonne surprise» dans les projets de décret et d’arrêté, à savoir le maintien, en 2026, des nouvelles conditions de fonctionnement de MaPrimeRénov’ pour les rénovations d’ampleur, qui entreront en vigueur à la réouverture du guichet le 30 septembre prochain et dont on ignorait si elles se poursuivraient après 2025. Pour rappel, face à l’explosion du nombre de demandes de MaPrimeRénov’ pour financer des rénovations d’ampleur, qui a allongé les délais de traitement des dossiers et multiplié les cas de fraude, le gouvernement a fermé ce guichet le 23 juin dernier et décidé qu’il rouvrirait le 30 septembre avec des conditions moins avantageuses.
D’abord, seules les passoires thermiques, notées E, F ou G sur le diagnostic de performance énergétique (DPE), seront éligibles à MaPrimeRénov’ pour financer une rénovation d’ampleur, à compter du 30 septembre. Le bonus de sortie de passoire thermique, qui représentait 10% du coût des travaux, s’en trouve de facto supprimé. Les plafonds de travaux subventionnables par MaPrimeRénov’ seront par ailleurs abaissés à 30 000 et 40 000 euros, selon qu’ils permettent d’améliorer la note du DPE de deux ou trois crans.
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De la visibilité sur MaPrimeRénov’ pour 2026
Enfin, l’aide ne couvrira plus que 45% de la facture des travaux pour les ménages aux revenus dits intermédiaires et seulement 10% pour ceux aux revenus «supérieurs», alors que les proportions demeurent de 60% et de 80% pour les ménages dits modestes et très modestes, selon les critères de l’Agence nationale de l’habitat. Autant d’évolutions qui perdureront jusqu’au 31 décembre 2026. «Une visibilité indispensable», reconnaît Audrey Zermati.
Autre bonne nouvelle : le budget de MaPrimeRénov', qui s'élève à 3,6 milliards d'euros en 2025, «sera maintenu en 2026», annonce le cabinet de Valérie Létard, ce mercredi 3 septembre. Une décision «évidemment soumise à la validation du Parlement et au vote d'un budget (pour la France) pour 2026», précise-t-il, alors que le gouvernement Bayrou a chuté lundi, les députés ayant refusé de lui accorder leur confiance, et qu'un nouveau se met en place sous l'égide de Sébastien Lecornu.




















