
Thales a plongé en Bourse ces derniers temps (-6% sur le cours de Bourse de l’action, depuis le début du mois de juillet), sur fond de légitimes prises de bénéfices (après une envolée marquée de l’action ces derniers trimestres), d’attaque réputationnelle (acte de cyber malveillance) visant sa filiale Naval Group (détenu à 35% par le géant de la défense du CAC 40) et d’annonces fracassantes de Donald Trump. A cet égard, l’Union européenne a accepté d’acheter des armes aux Etats-Unis pour des montants massifs dans le cadre de l’accord commercial sur les droits de douane conclu avec Washington.
Alors qu'au premier semestre, Thales avait massivement profité, en Bourse, de la perspective d’une envolée des budgets militaires européens (l’Allemagne et l’Union européenne avaient annoncé il y a quelques mois muscler considérablement leur effort en matière de défense, sous la pression de Donald Trump et compte tenu des dangers géopolitiques persistants, notamment avec la Russie), l’engagement de l’Union européenne à acheter massivement des équipements militaires à des sociétés américaines a pesé lundi sur les sociétés européennes cotées du secteur de la défense, dont Thales, victime lui aussi de cet effet d’annonce.
Les analystes financiers, les gérants et les stratégistes sont partagés sur l’impact de l’engagement de l’UE à acheter des équipements militaires massifs aux Etats-Unis
Quel sera l'impact en Bourse, pour le secteur européen de la défense, de l'engagement par l'Union européenne à acheter pour un montant colossal d'équipements militaires aux Etats-Unis ? «Ça va être dur et ce n’est en rien une surprise», juge Christopher Dembik, senior investment advisor chez Pictet Asset Management, interrogé par Capital. De son côté, Stéphane Déo, gestionnaire de portefeuille senior chez Eleva Capital se dit «très dubitatif sur ce qui a été annoncé entre Donald Trump et l’Union européenne, pour des raisons légales (le soi-disant accord commercial n’est pas un accord commercial mais seulement une déclaration d’intention et doit être ratifié par le Conseil) et pratiques (l’Union européenne n’arrivera jamais à acheter autant d’équipements militaires américains que les montants ayant été évoqués, tout comme l’UE ne parviendra jamais à acheter autant d’énergie américaine que ce qui a été convenu)».
En pratique, l’Union européenne commandera aux Etats-Unis les technologies de défense dont elle manque. Et certains pays européens achèteront des équipements militaires américains, mais il y a tout de même «une vraie volonté dans l’UE d’acheter du matériel de défense européen, c’est en tout cas très clair pour l’Allemagne et la France», souligne Stéphane Déo.
Pourquoi les achats annoncés d’équipements militaires américains sont-ils aussi importants ?
Selon Jean-François Weill, gérant du fonds Uzès WWWPerf chez Uzès Gestion, également interrogé par Capital, la question est surtout «pourquoi des achats annoncés d’équipements militaires américains aussi importants» ? L’Europe a pris le parti de soutenir l’Ukraine et de lui fournir armes et financements après le retrait des Etats-Unis de la financer. Or, «la question est : qui produit les armes nécessaires ? Actuellement, les Etats-Unis ont la capacité de production, pas l’Europe», assène le gérant. Le premier fabricant est l’allemand Rheinmetall dont le chiffre d’affaires 2024 est 9,7 milliards d’euros (et attendu à 12,6 milliards d’euros pour 2026 et 17 milliards d’euros pour 2027), pour essentiellement des chars et des obus. Le français Thales a produit en 2024 pour 11,3 milliards d’euros en défense et sécurité, «mais ce sont essentiellement des armes défensives», fait valoir l’expert… L’européen Airbus affiche au titre de 2024 «une production de 8 milliards d’euros dans les hélicoptères essentiellement civils et de 12 milliards d’euros en défense et espace. Ces chiffres contiennent le missilier MBDA, qui devra développer de nouveaux sites de production, mais cela prend du temps», ajoute le gérant.
L'Europe a choisi de se réarmer et de porter ses dépenses militaires de moins de 1,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2023 à 5% vers 2029-2030. «Pour le moment, les usines ne sont pas encore installées et les programmes de matériels pas encore choisis. Les capitaux doivent encore être mobilisés. C'est pourquoi, l’Europe doit se tourner vers les Etats -Unis qui a la production nécessaire pour ce soutien à l’Ukraine», fait valoir Jean-François Weill.
Quelles perspectives pour l’action Thales, en Bourse ? Que disent l’analyse technique et l’analyse financière ?
Du seul point de vue des fondamentaux (analyse financière), l’action Thales ne paraît pas hors de prix, surtout au vu du boom des budgets de défense en Europe. OddoBHF a un juste prix estimé de 275 euros pour l’action Thales, ce qui laisse entrevoir un certain potentiel d’appréciation théorique à horizon moyen terme. Alors que Thales, qui évolue sur un secteur porteur, a signé des comptes semestriels solides et affiche une robuste dynamique de commandes, le géant français de la défense du CAC 40 est bien placé pour générer une croissance durable et une profitabilité renforcée dans les prochaines années, juge de son côté AlphaValue.
Mais du point de vue de l’analyse technique (analyse graphique et mathématique de l’évolution des cours de Bourse, destinée à élaborer le scénario le plus probable sur la trajectoire d’une action), les perspectives semblent a priori moins favorables, certains supports graphiques importants ayant été enfoncés ces derniers temps. Les lecteurs de Momentum, la lettre d’investissement premium quotidienne de Capital sur la Bourse, étant placés sur l’action Thales ont pu la vendre à un bon timing, dès l'apparition du premier signal baissier et juste avant la vague de baisse récente. Achetez et vendez le CAC 40 et les actions en Bourse au bon moment avec Momentum. En optant pour un abonnement annuel, 5 mois sont offerts. Pour en profiter, il suffit de cliquer sur le lien ci-après.




















