
Renault perd une figure emblématique de son histoire. Louis Schweitzer, ancien patron de la marque au losange et haut fonctionnaire, est décédé à 83 ans, a annoncé sa famille à l’AFP ce vendredi 7 novembre, information relayée par BFMTV. A la tête du constructeur automobile de 1992 à 2005, il a guidé l’entreprise à travers une période de profondes transformations industrielles et stratégiques : privatisation, introduction en Bourse, alliance avec Nissan, acquisitions de marques comme Dacia, fermeture d’usines et adaptations face à la concurrence mondiale.
Lorsqu’il prend les commandes de Renault en mai 1992, le groupe, encore très lié à l’Etat, doit s’ouvrir au marché et s’internationaliser. Louis Schweitzer lance alors le processus de privatisation : en 1993, l’entreprise est identifiée comme privatisable, l’ouverture du capital débute en 1994 et, en 1996, l’Etat réduit sa participation en dessous de 50%, faisant de Renault une société pleinement cotée. Sous sa direction, le groupe connaît également une restructuration industrielle majeure : fermeture d’unités peu rentables, modernisation des méthodes de production et rationalisation des usines.
Architecte de l’alliance Nissan et de la diversification de Renault
Ces mesures, nécessaires mais douloureuses pour les salariés, provoquent parfois des tensions, notamment lors de la fermeture de l’usine de Vilvorde en Belgique en 1997, qui entraîne plusieurs milliers de suppressions d’emplois et de vives protestations. Louis Schweitzer met également l’accent sur l’internationalisation. Conscient que Renault ne peut se limiter à l’Europe, il développe la présence du groupe en Europe de l’Est, en Amérique latine et en Asie. C’est sous sa direction que Renault signe en 1999 l’alliance stratégique avec Nissan, un partenariat majeur dans l’histoire de l’automobile. Il identifie aussi le talent de Carlos Ghosn, qu’il recrute en 1996 comme adjoint, préparant sa succession.
Enfin, il transforme Renault d’un groupe monomarque en un acteur multi-marque et multi-région, lançant des modèles emblématiques comme la première génération de la Scénic et de la Twingo, et préparant le lancement de la Logan sous Dacia, pensée comme «voiture à 5 000 euros». En avril 2005, après presque treize années à la tête de l’entreprise, il passe le relais à Carlos Ghosn.
Né le 8 juillet 1942 à Genève, Louis Schweitzer suit des études à Sciences Po puis à l’ENA, dont il sort en 1970. Inspecteur des finances, il travaille au Trésor et à la direction du Budget avant de rejoindre l’entourage politique de Laurent Fabius dans les années 1980, en tant que directeur de cabinet à Bercy puis à Matignon. En 1986, il rejoint Renault comme directeur financier, puis directeur général adjoint, avant d’être nommé PDG en 1992.
Après sa carrière à la tête de Renault, il s’investit dans le domaine institutionnel et social : président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) de 2005 à 2010, d’Initiative France depuis 2011, et de la Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences à partir de 2012. En 2017, il reçoit la Grand-Croix de la Légion d’honneur, reconnaissance de son engagement professionnel et éthique.


















