
Opération vérité pour Renault. Avant même l’ouverture de la Bourse, ce mardi 1er juillet, le groupe automobile a annoncé prendre encore ses distances avec Nissan. Le constructeur au losange a en effet fait part pour la première fois d'une modification du mode de comptabilisation des actions qu’il détient encore dans le capital de son allié japonais. Il précise également que sa participation constituera désormais un actif financier évalué à la juste valeur par capitaux propres et non plus une mise en équivalence. C’est en somme aligner la valeur comptable de sa participation sur le cours réel de l’action Nissan, tombé à 350 yens fin juin, contre 1 500 yens (soit environ 8,80 euros) auparavant dans les livres de comptes. L’écart entre la réalité du marché et les comptes internes était devenu trop grand pour être ignoré, dans un contexte où Nissan enchaîne les difficultés financières depuis des années. Un choix stratégique qui a des conséquences : une perte comptable ponctuelle mais monumentale enregistrée à 9,5 milliards d’euros au titre du premier semestre 2025. La direction explique que cette manœuvre comptable ne devrait pas impacter le cash ni le du dividende cette année. Selon Arnaud Aymé, le CEO France du cabinet d’experts Sia Partners, «c'est une mesure surtout technique, sans réel impact sur le business, les volumes et revenus futurs».
Moins de volatilité dans les résultats du groupe auto Renault
En réalité, ce réajustement vient clore un long chapitre de gestion comptable déconnectée de la réalité boursière. Pendant des années, Renault avait refusé d’ajuster la valorisation de Nissan dans ses comptes malgré la chute constante du titre japonais. Une première dépréciation de 600 millions d’euros avait toutefois été enregistrée en 2024.
Ainsi, Renault ne remontera plus dans ses comptes les pertes trimestrielles de Nissan. Cela signifie moins de volatilité dans les résultats du groupe français, et une forme de désengagement économique progressif, déjà amorcé par la vente partielle de titres l’an dernier (1,6 milliard d’euros de cash pour 2,4 milliards de dépréciation comptable). Renault détient à ce jour 35,71% de son partenaire japonais, dont 17,05% en direct et le reste en fiducie. Après des années de projets communs, Nissan et Renault ainsi que leur partenaire nippon Mitsubishi ont commencé à détricoter leur alliance en 2023. Fin mars 2025, ils avaient annoncé pouvoir descendre à 10% du capital. Le groupe français et le japonais continuent de travailler sur des programmes industriels communs et technologiques, comme le dernier en date de la nouvelle Nissan Micra basée sur la Renault 5.
Ce coup de balai comptable intervient à un moment charnière. Le départ de Luca de Meo, actuel directeur général de Renault, est imminent. Si cette perte historique de 9,5 milliards d’euros marquera sa fin de mandat, elle n’est pas liée à sa gestion, mais à une situation héritée du passé. En 2020 déjà, Renault avait subi une perte historique de 8 milliards d’euros, dont 5 milliards imputables à Nissan. Avec ce nouvel ajustement, le successeur de Luca de Meo n’aura plus à porter cette instabilité venue de Yokohama dans ses résultats trimestriels.
N’est-ce pas là une occasion d’accélérer la recherche d’un nouvel allié pour assurer son avenir ?


















