
Henri-Giscard d’Estaing et le Club Med, c’est terminé. 23 ans après avoir pris les rênes du groupe de tourisme, le fils de l’ex-président Valéry vient d’être poussé vers la sortie par son actionnaire majoritaire, le Chinois Fosun. «Mes chers G.O, mes chers collègues du Club Med, notre actionnaire Fosun a décidé de nommer un nouveau président du Club Med. Je vais donc devoir vous quitter le cœur serré. Vous allez maintenant poursuivre l’aventure sans moi», a déclaré Henri Giscard d’Estaing, le président du Club Med, dans un courrier envoyé à ses salariés ce matin.
Mercredi en début d’après-midi le patron du groupe français de tourisme a organisé une visioconférence pour préciser les conditions de son départ. «J’avais toujours dit que je n’étais pas éternel, que mon ambition n’était pas de durer, mais de m’assurer que le Club Med dispose de la bonne équipe pour démarrer une nouvelle phase de croissance. Pour prendre ce nouveau virage, nous avions engagé, à mon initiative, un processus rigoureux pour définir le profil d’un nouveau patron du Club Med», explique le patron qui fêtera ses 69 ans en octobre. Mais à la fin de ce processus, Fosun aurait choisi selon ses propres critères et sans l'accord de Giscard, l’un de deux derniers candidats en lice, un Français. En lui proposant d’être nommé illico dans ses fonctions, et sans transition.
«J’avais pourtant clairement indiqué aux dirigeants de Fosun que je souhaitais accompagner mon successeur pendant six mois, le temps de préparer cette transition, dans mon rôle de président. Je prends acte de cette nomination et par conséquent, de ma révocation de fait. Je souhaite bon courage à mon successeur», conclut Giscard sans toutefois donner le nom de ce dernier. Pour lui, cela prouve que le centre de décision du Club Med s'est déporté de Paris à Shanghai.
L'ex-patron a quadruplé la rentabilité du Club Med en l'espace de dix ans
Henri Giscard d’Estaing laisse une entreprise au sommet de sa forme. Sous son impulsion, le groupe a achevé l’an dernier sa transformation dans le haut de gamme en finissant de convertir l’intégralité de ses 68 villages de vacances en version luxe. En l’espace de dix ans, il a quadruplé sa rentabilité et a passé l’an dernier le cap record des 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Mais depuis deux ans, les relations avec son propriétaire chinois Fosun qui avait pris le contrôle du Club Med en 2015, n'ont fait que s'envenimer. Jusque-là, ce conglomérat de Shanghai avait laissé carte blanche à Giscard. Mais le ralentissement de l’économie chinoise, suite à la pandémie de Covid et une dette de 27 milliards d’euros ont changé les plans de Fosun. Fin 2023, le géant asiatique avait même cherché à céder une minorité du capital du Club Med. Faute de trouver preneur, il avait alors resserré son emprise. D’abord, en parachutant deux nouveaux représentants chinois au conseil d’administration de l’entreprise. Ensuite, en provoquant le départ de Michel Wolfovski, le bras droit d’Henri Giscard d’Estaing, contre l’avis de ce dernier. En juin, Giscard avait manifesté dans nos colonnes son souhait de réintroduire le Club Med à la bourse de Paris, «pour renouer avec notre flexibilité financière et notre diversité actionnariale», s’était-il alors justifié en invitant Fosun à céder 30 à 40 % de ses parts. La réponse de Fosun avait fusé dans les 24h «Fosun Tourism examine régulièrement différentes options en fonction des plans de développement et des intérêts à long terme de la société, avait répondu l'actionnaire via un communiqué cinglant. A ce stade, nous n’avons aucun projet d’introduction en Bourse de Club Med.»



















