Cette mission, attendue depuis des années et dont le décollage avait déjà été annulé une première fois au dernier moment début mai, doit permettre à Starliner de transporter pour la première fois des astronautes de la Nasa vers la Station spatiale internationale (ISS). Les astronautes Butch Wilmore et Suni Williams, deux vétérans de l'espace, devaient être propulsés en orbite samedi par une fusée Atlas V du groupe ULA, depuis Cap Canaveral en Floride.

Ils étaient déjà installés à bord de la capsule Starliner, au sommet de la fusée, quand le compte à rebours a été stoppé net par un ordinateur vérifiant automatiquement les derniers paramètres avant le décollage. Les équipes sur place prévoient désormais d'accéder physiquement à cet ordinateur, situé dans un bâtiment proche du pas de tir, pour déterminer la cause exacte du problème, a expliqué durant une conférence de presse Tory Bruno, le patron de ULA. Une nouvelle fenêtre de tir existait dès dimanche, mais celle-ci ne sera pas utilisée pour «laisser davantage de temps aux équipes pour évaluer» ce problème, a déclaré la Nasa dans un communiqué. Les prochaines possibilités de lancement sont mercredi et jeudi prochain, a ajouté l'agence spatiale.

Mieux gérer les situations d'urgence

En attendant, la fusée a été placée dans une configuration sécurisée. Les deux astronautes, toujours souriants malgré l'annulation, ont été acheminés jusqu'à leur base non loin. La Nasa a commandé il y a dix ans aux entreprises américaines Boeing et SpaceX deux nouveaux véhicules pour acheminer ses astronautes jusqu'à l'ISS. SpaceX joue déjà ce rôle de taxi spatial depuis quatre ans. Boeing joue ainsi sa réputation sur cette mission test, qui doit démontrer que son vaisseau est sûr avant de commencer les missions régulières vers l'ISS. Pour la Nasa, l'enjeu est également grand : disposer d'un deuxième véhicule lui permettrait de pouvoir mieux gérer d'éventuelles situations d'urgence.

Déjà des essais non concluants

L'annulation samedi est un nouveau contretemps pour cette mission, qui a déjà pris des années de retard. Début mai, le décollage avait déjà été annulé au dernier moment à cause d'un problème sur une valve de la fusée, qui a depuis été changée. Une petite fuite d'hélium a ensuite été découverte sur l'un des propulseurs du vaisseau. Mais il a été décidé de ne pas la réparer, ce qui aurait nécessité de démonter Starliner. Elle ne représente pas de danger et ne s'est pas agrandie durant les préparatifs pour le vol samedi matin, selon la Nasa.

Ces contretemps n'étaient que les derniers d'une série de mauvaises surprises pour Boeing, déjà ébranlé par des problèmes de sécurité sur ses avions. En 2019, lors d'un premier test sans équipage, le vaisseau n'avait pas pu être placé sur la bonne trajectoire et était revenu sans atteindre l'ISS. Puis en 2021 un problème de valves bloquées sur la capsule avait entraîné le report d'une nouvelle tentative. Le véhicule vide avait finalement réussi à atteindre l'ISS en mai 2022. D'autres problèmes découverts ensuite, notamment sur les parachutes freinant la capsule lors de son retour dans l'atmosphère, avaient de nouveau engendré des retards.