Quelques heures après avoir été nommé Prix Nobel d’économie 2025 pour son travail en collaboration avec deux autres économistes, Philippe Aghion s’est exprimé sur différents sujets d’actualité économique lors d’une conférence de presse, relayée par BFM2. À cette occasion, il a de nouveau critiqué la taxe Zucman, une proposition qui vise à instaurer un impôt sur les hauts patrimoines privés de plus de 100 millions d’euros. «C’est une très mauvaise idée, parce que ça décourage l’innovation», a lancé l’économiste. Pour lui, cette mesure, si elle est appliquée, risquerait de faire «rater la révolution de l’intelligence artificielle» à la France.

Le chercheur, récompensé par le Nobel pour ses travaux sur l’innovation comme moteur d’une croissance durable, a cité l’exemple du patron de Mistral AI, Arthur Mensch. «Il part ailleurs immédiatement, ou alors il met la clé sous la porte» a expliqué Philippe Aghion pour parler des conséquences d’un tel impôt. Selon lui, il pèserait d’abord sur les jeunes entreprises ayant une forte valorisation, mais sans liquidité. Si elle était appliquée, Mistral AI devrait alors «trouver des investisseurs pour financer l’impôt au lieu de financer l’innovation». Une situation difficilement soutenable, face à la concurrence des États-Unis notamment.

Un modèle sans entreprise

Pour appuyer son propos, Philippe Aghion a également expliqué que la France manquait de dispositifs pour inciter à ce que les assurances-vie financent l’innovation. Il a notamment évoqué l’entreprise Tibi, qui tente de trouver des mécanismes qui permettent cela.

Pour le chercheur, le problème du modèle Zucman résiderait dans le fait que l’entreprise n’y serait pas au centre, contrairement au modèle schumpétérien, sur lequel Philippe Aghion travaille. Selon lui, la France devrait donc miser sur la croissance de ses startups, plutôt que sur leur taxation.