Jean-Pierre Farandou est «inquiet». Au terme de la lecture du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée, le ministre du Travail a rappelé que le déficit pourrait encore déraper, raison pour laquelle il a défendu des mesures parfois décriées, comme le coup de rabot sur la prime de Noël. Mais il s’inquiète également de la place et de la qualité du travail dans le pays. C’est ce qu’il a répété auprès de BFMTV alors qu’il s’était déjà étonné fin octobre que les Français n’aient pas envie de «travailler deux ans plus». «Pourquoi autant de Français (...) ont-ils autant envie de quitter le travail ?», s’interrogeait-il.

Dans le cadre de la suspension de la réforme des retraites, le gouvernement a lancé il y a quelques jours une conférence sur le travail et sur les retraites. Jean-Pierre Farandou en est persuadé : la question de la pénibilité n’a pas été assez prise en compte dans la réforme Borne de 2023. Or, c’est un des points cruciaux qui expliquent pourquoi autant de Français ne sont pas heureux au travail, selon lui. D’ailleurs, il l’assure, dans d’autres pays, des salariés travaillant plus tard sont satisfaits : «Qu’est-ce qui se passe dans ce pays ? J'ai vu des conducteurs de tram en Norvège à 65 ans très contents de conduire leur tram.»

Bien-être au travail, conditions de travail, rémunération…

Auprès de nos confrères, l’ancien PDG de la SNCF a martelé que la réforme des retraites suspendue «est passée à côté de ce qu’on appelle la pénibilité». Il ajoute : «On ne parle pas de la vie au travail.» Au cœur des discussions des prochaines semaines, le ministre du Travail souhaite mettre l’accent sur le «bien-être au travail, la relation au management, les conditions de travail, la rémunération, la progression ou encore la promotion interne».

Pourquoi ? Car selon lui, «si on travaille sur ces enjeux, les gens arriveront en meilleure forme mentale et physique» en fin de carrière et seront donc en mesure de travailler plus ou plus longtemps. La conférence sur le travail et les retraites est-elle le lieu idéal pour continuer de négocier ? Oui, insiste Jean-Pierre Farandou, pour qui l’événement doit permettre aux syndicats et au patronat de négocier «sans stress et sans pression de résultats» contrairement au conclave.

Jean-Pierre Farandou attend le Medef

Toutefois, lors de la première réunion, la CGT était absente alors que le Medef avait annoncé qu’il boycotterait l’événement. De quoi décourager le ministre ? Visiblement non, puisque Jean-Pierre Farandou lui a fait un appel du pied : «Tu es le bienvenu, ton siège t’attend, il est bien placé tu auras toute la place que tu souhaites.» Si le Medef ferme la porte pour le moment, Jean-Pierre Farandou reste «convaincu» qu’il reviendra autour de la table. Il n’écarte aucun sujet et assure qu’il «n'y a pas d’incompatibilité».

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