Printemps 2020. La France vit claquemurée dans la psychose d’une épidémie meurtrière. Chaque soir, à 20 heures, les habitants des grandes villes applaudissent à leurs fenêtres les soignants de l’hôpital qui se démènent pour sauver le plus de vies possible. Trois ans et 150 000 morts du Covid plus tard, l’hôpital en a sa claque. Malgré les hausses de salaire du Ségur de la santé (183 euros net par mois accordés à 1,5 million de professionnels), malgré le milliard d’euros annoncé fin août par Elisabeth Borne pour revaloriser le travail de nuit, des dimanches et jours fériés des soignants, le compte n’y est pas.

L’hôpital public traverse une crise sans précédent. Les comptes des établissements ont rarement été aussi dégradés. «Les hôpitaux publics ont connu une perte financière de 1,3 milliard d’euros en 2022, affirme Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes. Cette situation financière n’est pas tenable.» Les hôpitaux cumulent plus de 30 milliards d’euros d’endettement fin 2021.

Des établissements hospitaliers asphyxiés

Comment en est-on arrivé là ? «Après le krach de 2008, les pouvoirs publics ont refermé la parenthèse keynésienne et on est entré dans l’austérité, relate Frédéric Pierru, sociologue, chercheur au CNRS et auteur de «La Casse du siècle : à propos des réformes de l’hôpital public» (Ed. Raisons d’agir). Sarkozy et Hollande ont serré la vis à l’hôpital, les salaires ont été comprimés et les investissements limités, des lits ont été fermés. Les hôpitaux ne s’en sont pas relevés. Aujourd’hui, l’hôpital est à l’os, lui imposer une nouvelle cure d’austérité est inenvisageable.» Des économies, c’est pourtant ce qui attend les 1 350 hôpitaux publics de France. Le prochain budget de la Sécurité sociale prévoit une hausse de 3,2% des dépenses de santé hospitalières en 2024. Autant dire une goutte d’eau pour financer les récentes augmentations de salaire du personnel et les coûts de fonctionnement (énergie, alimentation…) en très forte hausse.

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