Elle paraît lointaine l’époque où le système de santé français était considéré comme le meilleur au monde. Depuis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décerné cette première place à la France en 2000, la machine s’est progressivement enrayée. Vingt ans plus tard, en 2021, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pointait les médiocres performances, notamment en matière de prévention du système français. Le think tank anglais “Legatum Institute” classe l’Hexagone au 20e rang des systèmes de santé, loin derrière le Japon, la Corée du Sud ou encore la Suède.

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Crise des vocations, difficultés d’accès aux soins… voilà quelques symptômes d’un système de santé à bout de souffle. La faute, selon les soignants, à plus de 40 années de politiques publiques visant à réduire l’offre de soins, par le biais, entre autres, du numerus clausus. Aujourd’hui, le gouvernement cherche le traitement idéal pour soigner les plaies… en s’inspirant de l’étranger.

Jeudi 19 janvier, l’Assemblée nationale a par exemple adopté à l’unanimité, en première lecture, la proposition de loi de la députée Renaissance Stéphanie Rist “portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé”. Un texte qui importe en partie le modèle anglo-saxon puisqu’il prévoit l’accès direct, sans prescription médicale, à certains infirmiers en pratique avancée (IPA), aux masseurs-kinésithérapeutes et orthophonistes. Si cette proposition de loi doit encore être examinée par le Sénat le 14 février, elle va dans le sens de la ligne directrice édictée par Emmanuel Macron.

Des années de retard en matière de partage des tâches

“Nous permettrons aux Français d'avoir recours à d'autres professionnels de santé pour des renouvellements d'ordonnance pour les maladies chroniques, pour la vaccination, pour le dépistage, pour l'éducation thérapeutique qui doivent pouvoir être réalisés par des pharmaciens, des sages-femmes, des infirmiers et des infirmières”, a promis le président de la République lors de ses voeux adressés aux soignants le 6 janvier à l’hôpital de Corbeil-Essonnes.

La France est particulièrement en retard dans ce domaine. Et pour cause, les premiers infirmiers en pratique avancée sont apparus dans les années 60 et 70 aux États-Unis et au Canada. Ce nouveau métier s’est ensuite répandu dans certains pays européens comme au Royaume-Uni, où les infirmiers en pratique avancée sont habilités, depuis plusieurs années déjà, à pratiquer des opérations chirurgicales. Au Canada, les infirmiers peuvent même poursuivre leurs études en thèse et devenir docteurs en sciences infirmières.

Dans un rapport remis au gouvernement en novembre 2021, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) prône un “élargissement du périmètre d’intervention des infirmiers en pratique avancée par la correction de textes interdisant [...] aux patients de consulter à leur initiative un IPA ; aux IPA de primo-prescrire, à leurs patients, certains traitements (antalgiques, soins infirmiers ou de rééducation…) ou prestations (avis d’arrêt de travail, prescriptions de transport…) nécessaires à l’accompagnement des patients qu’ils suivent et la bonne prise en charge de leur pathologie”.

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