Une nouvelle dont on se serait bien passé. Vendredi 12 septembre, l’agence de notation Fitch Ratings a abaissé d’un cran la note de la dette française. La note tricolore passe donc de AA- avec perspective négative à A+, assortie d’une perspective stable. La France intègre ainsi le rang des simples «A», correspondant à la catégorie de qualité «moyenne supérieure». Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, devra s’attaquer à une problématique majeure : comment enrayer la dépréciation de la dette française ? Premier élément de réponse : son montant.

L’endettement du pays continue de grimper et rien ne semble arrêter son inquiétante ascension. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : instabilité politique, incertitudes budgétaires pour l’année à venir, ou encore un assainissement des comptes publics qui tarde à se concrétiser. A la suite de la dégradation de la note de la dette française par Fitch, le ministre de l’Economie sortant, Eric Lombard, a dit prendre «acte de la décision», notamment «motivée par l’incertitude politique».

Selon Eurostat, la dette de la France a atteint 3 345 milliards d’euros au premier trimestre 2025, soit 114,1% du PIB. Premier accusé dans ce constat : un déficit public difficile à contrôler. Reste une question : comment s’en sortent les autres pays de l’Union européenne face à leur propre dette ? Et quelle note leur attribue Fitch ?

Une maîtrise de la dette qui varie d’un pays européen à l’autre

Tous les pays membres de l’Union européenne n’ont pas la même réussite face à leur dette respective. Les chiffres d’Eurostat présentés dans le tableau ci-dessous indiquent le poids de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays. Le PIB est un indicateur économique permettant de mesurer l’ensemble des richesses produites par un pays durant une année donnée, c’est-à-dire la valeur totale des biens et services produits dans un pays.

Ainsi, selon les chiffres d’Eurostat, parmi les bons élèves, on retrouve le trio de tête composé de la Bulgarie (23,9% du PIB), de l’Estonie (24,1%) et du Luxembourg (26,1%). L’Allemagne, quant à elle, se situe à la 15e place avec une dette représentant 62,3% de son PIB. A l’inverse, les mauvais élèves ferment le classement. La France se retrouve à la traîne donc en 25e position. Dans le sud de l’Europe, l’Espagne occupe la 23e place (103,5% du PIB) et l’Italie la 26e (137,9%). Enfin, avec 152,5% du PIB, la Grèce fait figure de lanterne rouge en matière d’endettement européen.

De l’AAA au BBB- : l’Europe sous la loupe de Fitch

Les résultats des économies européennes sont contrastés, selon les chiffres d'Eurostat relayés par plusieurs médias, dont L'Express. Les notes délivrées par l’agence de notation financière Fitch vont de AAA à BBB-. Le niveau de la dette, et surtout son évolution, permet aux agences de notation d’évaluer et de classer la dette souveraine des pays. Il s’agit ici de mesurer la capacité de l’Etat à rembourser sa dette. Alors que Fitch vient de réviser la note de la France, regardons celles attribuées à ses voisins européens (tableau ci-dessous).

Parmi les bons élèves de l’Union européenne figurent l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Suède, tous gratifiés de la meilleure note : AAA. Viennent ensuite la Finlande, l’Autriche et l’Irlande, notées AA. Dans la catégorie A, on retrouve notamment l’Estonie et la Slovénie. Les dettes de l’Espagne et du Portugal sont évaluées à A-, tandis que l’Italie est en difficulté avec une note de BBB. Enfin, la Grèce ferme la marche de ce classement européen, avec la note la plus basse : BBB-.

Les agences Moody’s et Standard & Poor’s doivent, elles aussi, rendre leur verdict sur la dette française dans les prochains mois, conformément au calendrier officiel. Déjà placée sous perspective négative par S&P, la note de la France pourrait de nouveau être abaissée. Si tel était le cas, les conséquences économiques seraient plus sensibles : les conditions d’emprunt de l’Etat risqueraient de se durcir, alourdissant encore le poids de la dette et compliquant la trajectoire des finances publiques.

Le rôle des agences de notation

Les agences de notation financière, telles que Fitch Ratings, Moody’s et Standard & Poor’s, évaluent la capacité des Etats et des entreprises à honorer leurs dettes. Leurs notes, allant de AAA pour les signatures les plus solides jusqu’à C ou D pour les plus risquées, servent de référence aux investisseurs. Elles influencent directement les conditions de financement : une note élevée permet d’emprunter à moindre coût, tandis qu’une dégradation renchérit l’accès aux marchés. Véritables baromètres de confiance, ces notations jouent un rôle clé dans la perception de la solidité économique et budgétaire d’un pays.