«On tape sur qui ? Sur le médecin généraliste». À Pessac, le Docteur Olivier Decroix est dans le viseur de la Caisse primaire d'assurance maladie de la Gironde car il délivrerait un nombre trop important d’arrêts maladies. «Il s'agit de demander aux médecins, pendant une période de six mois, de baisser de 20 % le nombre de jours d'arrêts de travail prescrits», confie le médecin généraliste auprès de Ici Gironde. Dans le cas où il n’atteint pas cet objectif, il encourt une amende allant de 7 000 à 14 000 euros.

Le docteur regrette que cette décision de réduire le nombre de jours d’arrêts de travail ait avant tout une vision économique. «Et bien ce n'est pas possible de faire ça puisque quand moi je vois le patient, je le soigne», martèle le professionnel, qui cible notamment les employeurs : «On a des entreprises qui sont de plus en plus toxiques au niveau du management. On voit les gens arriver en pleurs mais on ne fait rien contre ces entreprises».

Le Docteur Decroix a refusé de réduire de 20 % le nombre d'arrêts maladie

Du côté de l’Ordre des médecins de la Gironde, on soutient fermement les confrères. «Aujourd'hui, il y a une pénurie de médecins généralistes donc je vois mal un médecin généraliste faire des arrêts de complaisance pour garder sa patientèle», explique Catherine Dupont-Biscaye, responsable de la commission de médecine générale à l’Ordre des médecins de la Gironde. Si la praticienne avoue comprendre la position de la CPAM pour faire des économies, «en fin de compte, la personne qui est sanctionnée, c'est le médecin généraliste», selon elle.

Comme le Docteur Decroix a refusé de réduire de 20 % le nombre d'arrêts maladie, ses prescriptions sont inspectées par un médecin conseil de la Caisse primaire d'assurance maladie et subordonnées à l’accord préalable du service du contrôle médical. Il déplore «une mise sous tutelle». «Le temps que l’arrêt de travail soit étudié, le patient n’est pas pris en charge», résume-t-il.