
Camouflet pour le gouvernement. Dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 octobre, les députés ont largement rejeté en commission la partie recettes du budget 2026, avec 11 voix pour, 37 contre, et plusieurs abstentions. La gauche, le Rassemblement national ainsi que Les Républicains ont voté contre, tandis que seuls les députés Renaissance ont soutenu le texte. Les groupes MoDem, Horizons et LIOT se sont abstenus.
Philippe Brun, chef de file du Parti socialiste, a déclaré après le vote : «Le compte n’y est pas ce soir», jugeant les recettes insuffisantes et dénonçant un texte «déséquilibré» dans l’effort demandé aux classes moyennes et populaires, rapporte Le Monde. «C’est dans l’hémicycle qu’on pourra construire les compromis», a ajouté une autre source, rappelant que ces recettes doivent permettre d’alléger la pression sur le budget de la Sécurité sociale et la partie dépenses de l’Etat. Du côté des LR, Laurent Wauquiez avait annoncé que le vote ne serait pas «automatique».
Un «budget Frankenstein» dénoncé, mais certaines recettes validées
Le rapporteur général du budget, Philippe Juvin (LR), qui s’est abstenu, a estimé que «le budget tel qu’il est n’est pas un budget crédible» et qu’il faudra le retravailler. Il a souligné que les modifications en commission entraînent une réduction de la pression fiscale de 7 milliards d’euros par rapport à la copie gouvernementale, ce qui impose, pour ne pas creuser le déficit, une baisse équivalente des dépenses. Le président de la commission des finances, Eric Coquerel (LFI), a, lui, dénoncé un «budget Frankenstein», affirmant qu’«à la fin personne ne se reconnaîtra» dans ce texte, et a prédit qu’il sera «battu» dans l’hémicycle.
Un député Horizons a toutefois exprimé son optimisme en estimant que «chacun a mis en avant ses idées en commission, mais on va tous être plus raisonnables en séance». En commission, les députés ont toutefois validé plusieurs recettes, dont la pérennisation de la «surtaxe tonnage» ciblant principalement l’armateur CMA-CGM, une contribution exceptionnelle sur les super-dividendes, et la taxe sur les bénéfices des géants de la tech américaine (taxe Gafam). Ils ont aussi approuvé des baisses de dépenses fiscales, comme la modification du crédit d’impôt recherche.
Ce mercredi, plusieurs autres mesures ont été adoptées, notamment un relèvement de la TVA sur les produits de luxe à 33% et un amendement LFI visant à encadrer les prix de l’électricité. Enfin, un amendement de l’ancien ministre Guillaume Kasbarian (Renaissance) réduisant de moitié l’exonération de taxe foncière pour les bailleurs sociaux a provoqué une vive polémique, qualifié de «honteux» par Claire Lejeune (LFI).
L’examen du budget de la Sécurité sociale commencera lundi en commission des affaires sociales, avec notamment la suspension de la réforme des retraites en 2026 et 2027 demandée par le PS. Le gouvernement prévoit de financer cette suspension en sollicitant les complémentaires santé et les retraités.

















