Elle devait «corriger» les abus des holdings «parfois utilisées pour se constituer un patrimoine personnel» selon les termes de la ministre Amélie de Montchalin rapportés par la Tribune. Mais après l'amendement de Philippe Juvin du groupe LR, la taxe sur les holdings ne vise finalement plus vraiment les holdings. Au départ, la taxe devait s’appliquer aux actifs inscrits au bilan, au-delà de 5 millions d’euros avec un taux de 2 %. Un horizon à présent abandonné. La cible a été réduite aux «investissements de pur plaisir», c'est-à-dire yachts, jets, bijoux, objets d’art, vins de prestige et logements personnels.

L'assiette que représentait l'ambitieuse réforme était considérée comme «trop large» par la droite. La proposition de taxer à 2 % les actifs des holdings dépassant les 5 millions d'euros était pourtant mûrement réfléchie. Cette taxe était présentée comme un outil pour lutter contre les «cash boxes», des sociétés utilisées par les plus riches pour contourner l’impôt, plaçant du patrimoine comme des actions ou des biens immobiliers hors d'atteinte.

Le rendement de 900 millions d’euros menacé

En plus de la réduction drastique des éléments taxés, le seuil de détention d’une holding par une personne physique a été augmenté de 33,3 % à 50 %. Le nombre de holdings concernées par la taxe, déjà vidée de sa substance, est donc d'autant plus faible. Une situation qui a laissé un goût amer à la gauche. Le député socialiste Philippe Brun a dénoncé une «taxe (qui) n’est plus un gruyère, c’est une chips : ça ne concerne plus personne.» La taxe initiale était déjà considérée comme une «mesurette» et une «passoire», elle est désormais reléguée au rang de mesure purement symbolique.

Les députés de gauche ont par ailleurs essuyé un autre revers avec le rejet de la taxe Zucman et de sa version allégée. De son côté, Laurent Wauquiez s'est félicité au nom des LR «d’arrêter la folie fiscale et la taxmania» au sein de l'Assemblée. En définitive, cette issue menace le rendement de 900 millions d’euros prévu au départ par cette taxe, même si l'objectif était davantage de lutter contre les abus plutôt que de lever d'importants fonds pour l'État.