François Bayrou le sait désormais, il a un défi jusqu’à la rentrée parlementaire : faire accepter ses orientations pour le budget 2026 à l’opinion publique, mais également aux forces politiques. Si beaucoup l’ont critiqué depuis ses annonces mardi 15 juillet, jusqu’à brandir la menace d’une censure, dans son propre camp, on s’était évertué jusqu’alors à défendre les mesures. Mais un de ses alliés semble loin d’être convaincu. Il s’agit d’Edouard Philippe, ancien Premier ministre et candidat à la prochaine présidentielle.

Dans un entretien accordé au Parisien, le maire du Havre rappelle que la «situation financière budgétaire est mauvaise (et) même dangereuse». S’il concède préférer «un plan d’urgence proposé par le Premier ministre plutôt qu’un plan d’urgence proposé par le FMI», Edouard Philippe décoche une flèche contre François Bayrou, car finalement, il ne s’agit «que d’un plan d’urgence». «Il ne propose pas de réelle transformation, aucune réforme structurelle des politiques publiques qui ne fonctionnent plus», raille-t-il.

«Quasiment rien ne règle le problème»

L’ancien locataire de Matignon va même plus loin en estimant que «quasiment rien dans ce qu'il propose ne règle le problème». Les mesures prises permettent seulement de «limiter les conséquences», Edouard Philippe prend pour exemple «l'explosion de la dépense sociale (qui) n'est par exemple pas réglée par une année blanche».

Lorsqu’il s’agit d’être plus précis sur des propositions faites par le Premier ministre actuel, Edouard Philippe semble botter en touche. C’est le cas sur le sujet épineux des jours fériés, dont plus de sept Français sur dix ne veulent pas. «Je ne sais pas s’il faut supprimer deux jours fériés. On pourrait aussi proposer de travailler quatorze heures de plus sur l’année et laisser le soin aux entreprises de déterminer quand cela se fait», estime celui pour qui le système repose sur trois piliers : «travailler plus, dépenser moins et taxer moins».

Menace sur le vote du budget ?

Toutefois, sur le 8 mai, Edouard Philippe semble plus ouvert, rappelant que le général de Gaulle avait dit en son temps «qu’il fallait travailler plus, y compris le 8 mai». Pour le patron d’Horizons, «toutes les mesures sont impopulaires. Mais à la fin, la seule question est de savoir s’il est nécessaire de faire des efforts collectifs». Il rappelle enfin que, «dans un pays où la moitié des Français ne paient pas l’impôt sur le revenu, on peut se dire que l’effort demandé sur ce point est relatif».

Edouard Philippe reconnaît que le plan proposé par François Bayrou est «une réponse d’ampleur pour mettre la France dans une situation plus favorable après l’adoption du budget», mais lui-même ne sait pas s’il le votera à l’automne. Il termine : «Il faudra de toute façon prendre des décisions pour ne pas sombrer.»