Gérald Darmanin est satisfait. Son portefeuille, le ministère de la Justice, devrait voir son budget augmenter de «plus de 200 millions d’euros», malgré le gel annoncé par le chef du gouvernement. Mardi 15 juillet, François Bayrou a dévoilé son plan de redressement des finances. La mesure phare de l’ambitieux budget 2026 - le Premier ministre a annoncé un effort de 43,8 milliards d’euros - est l’année blanche. En 2026, les prestations sociales, le barème de l'impôt sur le revenu, les pensions de retraite ainsi que les crédits ministériels seront gelés. Aucune indexation sur l’inflation est prévue.

«Je remercie le Premier ministre parce que notre justice est très paupérisée et je ne suis pas venu au ministère de la Justice pour voir ses crédits diminuer alors que je fais des réformes très importantes», s’est réjoui le ministre de la justice sur BFMTV mercredi 16 juillet. La veille, à l’issue de la présentation du budget 2026 par François Bayrou, les parlementaires ont reçu le montant des plafonds des crédits attribués aux différents ministères. Le document détaille le budget pour chacune des missions de l’Etat.

682 milliards d’euros de dépenses prévues pour l’Etat et ses opérateurs

Dans ce rapport, rendu public par Politico, Bercy explique que sans coup de frein, la dépense publique aurait augmenté à 1 752 milliards d’euros en 2026, soit 50 milliards d’euros de plus que cette année. Afin de limiter cette hausse, les ministères et leurs opérateurs sont mis à contribution à hauteur de 10 milliards d’euros par rapport à la progression de leurs dépenses en les maintenant au niveau voté en 2025. À cela s’ajoute «l’absence de mesures de revalorisation salariales et des prestations sociales ainsi que le décalage des projets d’investissements, dans le cadre de l’année blanche», précise Bercy. Au total, les dépenses de l'État et de ses opérateurs devraient grimper jusqu'à 682 milliards d’euros, soit 22 milliards de plus qu’en 2025.

Et pour cause, certains portefeuilles voient leur budget augmenter malgré l’année blanche. C’est bien évidemment le cas de la Défense à qui 57,1 milliards d’euros de crédits sont attribués soit une hausse de 6,7 milliards d’euros en comparaison avec 2025. Il s’agit du second poste de dépenses au sein du gouvernement. Sont également concernés le prélèvement sur recettes en faveur de l’UE qui progresse à hauteur de 5,7 milliards d’euros ainsi que la charge de la dette qui grossit de 8 milliards d’euros en 2026, deux dépenses incompressibles

Quelles sont les missions gagnantes et les perdantes du budget 2026 ?

D’autres chanceux ministères tirent leur épingle du jeu et échappent au gel comme la mission Recherche et enseignement supérieur dont les crédits vont s'accroître de 300 millions d’euros supplémentaires, soit environ 1% de progression - le niveau attendu de l’inflation. Quant au plus gros poste de dépenses, la mission Enseignement scolaire, son budget augmente de 200 millions d’euros pour atteindre 64,5 milliards d’euros au total (contre 64,3 milliards en 2025) soit une progression de seulement 0,3%. Le budget de la mission Ecologie devrait s'accroître de 600 millions d’euros (27,5 milliards d’euros au total) et celui des Sécurités de 400 millions d’euros (17,7 milliards d’euros) soit un peu plus de 2% d’augmentation.

À l’inverse, d’autres missions sont moins fortunées : leur budget sera réduit en 2026. Le portefeuille Transformation et fonction publique est touché à hauteur de 29% et perd 200 millions d’euros. La mission Sport écope d’une diminution de 300 millions d’euros soit 18% de baisse, celle dédiée à l’Aide au développement perd 16% de budget soit 700 millions d’euros. L'Économie est amputée de 9% (400 millions d’euros), la Solidarité de 6% (1,7 milliard d’euros), le Travail de 4% (1,3 milliard d’euros), la Cohésion des territoires de 4% (900 millions) et l’Agriculture subit le même sort et perd 200 millions d’euros de budget.