
Que les constructeurs soient rassurés. Les ventes de voitures ont beau patiner, la fin de l'automobile n’est pas pour 2050. «La voiture qu’on croit démodée reste une nécessité. Aujourd’hui, 75% des Français en ont besoin pour se rendre au travail», met en avant Stéphane Curtelin, directeur marketing de Coyote, spécialiste des services connectés d’aide aux conducteurs avec son boîtier anti-amendes. Allons plus loin et imaginons des voitures qui auront corrigé les défauts qu'on leur reproche aujourd'hui : leur prix prohibitif, les dangers qu'elles présentent sur la route ou encore leur mauvais impact environnemental.
Avec sa batterie (car l’électrique sera certainement le mode de propulsion dominant), la voiture du futur offrira plus d’autonomie, ses technologies réduiront les accidents de la route et le conducteur pourra sans doute lâcher le volant de temps à autre. Et si l’incertitude demeure sur l’arrivée de la conduite autonome à 100% dès 2050, il faut s’attendre au moins à des véhicules plus intelligents, capables de reconnaître votre visage et de s’adapter à vos préférences en termes d’éclairage ou de style de conduite.
Cela ne veut pas dire qu’un tel véhicule vous appartiendra. «Le gros du marché va vers une logique de location», observe Sébastien Amichi, associé au cabinet Kearney. Les designers imaginent toujours des «salons à quatre roues», dans lesquels les voyageurs pourront travailler et regarder des séries pendant que la voiture se conduira toute seule. «Les gens veulent plus d’espace et de confort», souligne Udo Hischke, designer chez Renault. De son côté, Sébastien Amichi anticipe une mobilité plus frugale : «On va sûrement abandonner la voiture suréquipée pour aller vers des objets plus pratiques et plus légers.» Ouf, la voiture de demain pourrait coûter moins cher !
Des voitures électriques partout et des recharges sans câble
Grâce aux progrès sur la chimie des batteries, les voitures électriques pourront rouler sur plus de 1 000 kilomètres dès 2030 à en croire les industriels du secteur. Une autre évolution facilitera la vie des automobilistes : la recharge sans câble. En début d’année, Vinci a installé sous un tronçon d’autoroute des «bobines à induction» qui permettent à des véhicules équipés de «bobines réceptrices» de se recharger en roulant. Valeo travaille sur des technologies similaires mais utilisables à l’arrêt.
«Avec un système de parking autonome, la voiture se positionnera parfaitement au-dessus du chargeur. Le conducteur n’aura plus besoin d’aller à la pompe ni de brancher un câble», explique François Marion, directeur de la communication de l’équipementier. Autre piste de travail : le «battery swapping», qui consiste à remplacer la batterie du véhicule dès qu’elle est vide dans une station dédiée. Le constructeur chinois Nio arrive déjà à effectuer ces permutations en trois minutes. «Cela s’adapte très bien aux flottes d’entreprise. On peut aussi imaginer des stations dans des quartiers résidentiels», estime Sébastien Amichi.
Moins d'insécurité routière grâce à la voiture du futur
«Le véhicule communiquera davantage avec son environnement», promet Christophe Aufrère, directeur technique de Forvia. L’équipementier a conçu des calandres pouvant afficher des informations, par exemple un pictogramme indiquant à un piéton qu’il peut traverser en sécurité. La nuit, des feux intelligents pourront projeter des symboles au sol, comme un flocon de neige pour signaler une route verglacée. La reconnaissance faciale permet déjà de détecter un conducteur endormi. Mai, demain, on pourrait empêcher des personnes droguées de prendre le volant grâce aux ondes cérébrales. «On ne va pas mettre un casque sur tous les conducteurs ! Des systèmes moins intrusifs voient le jour. Nous étudions la possibilité de les intégrer dans l’appuie-tête», confie Christophe Aufrère.
Des itinéraires seront plus faciles à suivre
Les navigateurs GPS sont devenus banals. Mais au lieu d’être affiché sur le tableau de bord, l’itinéraire peut désormais être projeté sur le pare-brise en réalité augmentée. «Le conducteur n’a plus besoin de regarder un écran sur le côté. Cette technologie pourrait se généraliser d’ici 2050», met en avant François Marion, porte-parole de Valeo. L’intelligence artificielle va également servir de copilote. «Aujourd’hui, on calcule surtout les itinéraires à partir du trafic. Demain, on pourrait les associer à d’autres données pour éviter les sorties de plage ou les feux de forêt», décrit Stéphane Curtelin, de Coyote. D’un point de vue plus ludique, l’intelligence artificielle pourrait conseiller des routes pittoresques plutôt que des zones commerciales, en fonction des envies du conducteur.
En 2050, les voitures coûteront moins cher
C’est une prédiction osée, mais plusieurs tendances préfigurent des véhicules moins coûteux. «Tesla et d’autres constructeurs tentent de réduire considérablement le nombre de pièces. L’objectif est d’assembler des voitures en deux heures, contre dix en moyenne aujourd’hui», met en avant Christophe Aufrère, en référence aux méga-presses de fonderie. Et si les voitures restent immobiles la plupart du temps, les automobilistes pourraient mieux les amortir. Notamment avec la charge bidirectionnelle, qui permet de renvoyer de l’énergie stockée à bord de sa batterie vers le réseau, pour réduire ses factures d’énergie. «Les batteries pourront absorber des pics de consommation en redonnant de l’électricité au réseau», prévoit François Marion. Elon Musk promet également aux futurs propriétaires de ses robotaxis de gagner de l’argent grâce à un Airbnb de la voiture, qui permettra de louer son véhicule sans avoir besoin de se déplacer puisqu’il se conduira tout seul vers les clients.
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