Le gouvernement n’a pas épargné le portefeuille des automobilistes dans son projet de loi de finances, présenté le mardi 14 octobre. Entre le malus auto, l’installation d’une borne de recharge à domicile ou même le permis de conduire, il va falloir payer toujours plus pour aider à renflouer les caisses de l’État. Mais, tout n’est pas encore figé et on peut encore s’attendre à quelques surprises. La première concerne les carburants. Dans un contexte de bouclage du budget un peu précipité, le Premier ministre Sébastien Lecornu prévoyait une hausse des taxes dès le 1er janvier 2026, et ce pendant trois ans, sur la consommation du biocarburant E85, dont la fiscalité était jusqu’alors avantageuse. Pour les propriétaires de modèles à essence classique dotés d'un boîtier de conversion ou ceux flexifuel dès l’origine, cette suppression des avantages fiscaux aurait fait bondir les prix de ce superéthanol (coût moyen actuel à 0,70 centimes) de 40 à 50 centimes par litre, jusqu’à atteindre 1,20 euro à la pompe, selon les professionnels du secteur.

Une vingtaine d’amendements pour supprimer la hausse des taxes sur l’E85

Justement face à l’ire des producteurs de betterave ou colza et autres industriels, les députés ont décidé à l'unanimité de préserver la fiscalité avantageuse de ce biocarburant en commission des finances, hier mardi 21 octobre. Ils ont tout simplement supprimé les alinéas 32 à 38 de l’article 5 du budget 2026 qui prévoyaient une diminution significative des tarifs préférentiels de l’E85 jusqu’en 2028. Et ce grâce à une vingtaine d’amendements déposés par huit groupes politiques différents. Ces derniers ont insisté sur le rôle essentiel du superéthanol E85 pour la décarbonation accessible aux ménages modestes, 80% moins cher que le diesel et le sans-plomb et moins polluant. Certains des élus ont aussi dénoncé la brutalité de cette mesure, sans proposer d'alternative, une triple faute écologique, économique et sociale ou encore un changement trop fréquent des règles du jeu pour ces carburants produits à 100% en France, alors que l'État défend la souveraineté national en matière d’emplois et d’industrie auto. Pour rappel également, près d’un million d’automobilistes roulent à l’E85. À noter que cette mesure pour surtaxer le bioéthanol était d’autant plus curieuse que le gouvernement a choisi ce carburant pour faire rouler ses voitures de police… La société FlexFuel Energy Development a en effet remporté un appel d’offres national pour équiper au moins 40 000 véhicules des forces de sécurité intérieure en boîtiers E85 sur quatre ans…

Les députés devraient poursuivre l'examen du texte en commission jusqu'à mercredi soir, avant d'entamer les débats dans l'hémicycle vendredi. Mais il est peu probable que la suppression des avantages fiscaux sur les biocarburants soit remise en cause.