Rien n’est simple lorsqu’on aborde le sujet de la mobilité individuelle et plus particulièrement, des déplacements en voiture. Quiconque prétend que «c’est quand même pas compliqué, il suffit de mettre plus de transports en commun», ou que «c’est quand même pas compliqué d’acheter une électrique, avec toutes les subventions qui existent», se contente de survoler le problème avec des a priori encore plus faciles à dégainer quand on n’est pas affecté directement.
Pour ces «y a qu’à-faut qu’on», il est d’autant plus aisé de balayer ce problème d’un désinvolte revers de la main qu’à ceux qui nuancent et répondent que cette dépendance des Français à leur automobile – 80% d’entre eux l’utilisent tous les jours – ne va pas se résoudre à coups de poncifs inconsistants, il suffit de balancer une bonne vieille accusation de populisme. Un terme dont se retrouvent aujourd’hui affublés tous ceux qui tirent la sonnette d’alarme, alors que les Zones à faibles émissions (ZFE), interdisant l’accès aux métropoles des véhicules les plus anciens, se déploient.
Cette prohibition moderne des ZFE touche 2,8 millions de véhicules
Laissez-moi reproduire ici la définition du populisme de l’Académie française : «attitude, comportement d’un homme ou d’un parti politique qui, contre les élites dirigeantes, se pose en défenseur du peuple et en porte-parole de ses aspirations, avançant des idées le plus souvent simplistes et démagogiques». Mais en quoi est-ce «simpliste et démagogique» d’expliquer qu’interdire l’accès à une trentaine de métropoles (Annecy, Caen, Lyon, Montpellier, Paris, Rennes, Saint-Étienne, Tours, etc., ainsi que les communes alentours) à des voitures, utilitaires, deux-roues et poids lourds certes âgés et kilométrés mais toujours fonctionnels, c’est injuste pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter un modèle plus récent ? Ou seulement incompréhensible pour ceux qui ont passé le contrôle technique avec succès, y compris pour les points «antipollution» ? Sachant que cette prohibition moderne touche directement 2,8 millions de véhicules qui y circulent régulièrement et, plus largement, 14 millions dans toute la France ?
En quoi est-ce «simpliste et démagogique» de s’inquiéter de la colère que ne manqueront pas d’exprimer tous ceux qui devront, malgré tout, continuer à circuler avec ces véhicules aujourd’hui honnis (une bonne part de ces diesels d’hier ont pourtant bénéficié d’un bonus dit «écologique» de l’État, cherchez l’erreur), alors qu’ils vont risquer, à partir de 2026, un PV à chaque trajet ?
En quoi est-ce «simpliste et démagogique» de dénoncer la manœuvre du gouvernement, qui peaufine un amendement au projet de loi de simplification pour limiter la mise en place obligatoire d’une ZFE aux «seules» métropoles de Paris et Lyon, histoire de dégonfler en douceur un mouvement de protestation légitime ? En s’imaginant que s’il n’y a «plus que» 2 millions de véhicules concernés dans ces deux zones urbaines, la pilule passera sans encombre ? Alors même que les maires, comme de toute façon la loi le prévoit déjà, resteront finalement libres de déployer une ZFE dans le périmètre qu’ils administrent ?
À la Ligue de Défense des Conducteurs, nous militons depuis des années pour un report de l’application de cette loi, le temps de rendre cette mesure de restriction de circulation caduque, notamment grâce au remplacement naturel du parc automobile et à la qualité de l’air, qui ne cesse de s’améliorer. Car finalement, tout comme les #Gueux d’Alexandre Jardin, la Fédération des motards en colère, les commerçants, les artisans, les forains… que nous avons ralliés et qui demandent leur suppression pure et simple, nous cherchons tous à stopper cette folie des ZFE. Parce que les «y a qu’à-faut qu’on», sauf erreur de ma part, n’ont à ce jour proposé aucune solution immédiate, concrète, peu onéreuse, pour que tous nos concitoyens conservent le même droit de circuler librement partout dans notre pays.
Nous avons manifesté le 6 avril, nous manifesterons à nouveau le 17 mai. Avec, autour de nous, non pas des populistes, mais un peuple que nous espérons ultra mobilisé et qui se bat pour sa liberté.
Simpliste, mais tellement honorable.
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