Piocher dans le portefeuille des automobilistes, le gouvernement sait le faire. La preuve encore avec le nouveau projet de loi de finances 2026 présenté, mardi 13 octobre, qui s’attaque, entre autres, aux biocarburants. Le Premier ministre Sébastien Lecornu entend en effet réduire les avantages fiscaux jusqu’alors accordés au superéthanol-E85 pendant ces trois prochaines années. Un peu plus de 48 heures après la présentation du budget du gouvernement Lecornu II, Michel Edouard Leclerc, grand patron des magasins du même nom, entend «à l’approche des vacances de la Toussaint, apporter un soutien concret au budget des familles et redonner un peu de souffle au moral des Français».
Et même du superéthanol-E85 à prix coûtant
Les 711 stations-service participantes que compte E.Leclerc vont ainsi reconduire leur opération carburant à prix coûtant dans toute la France le vendredi 17 et le samedi 18 octobre, lors des premiers jours de grands départs. Comme pour les trois autres campagnes cet été, les adhérents vendront leurs produits au prix d'achat du pétrole auquel s'ajoutent le transport, les taxes pétrolières et la TVA, sans faire de bénéfice sur les ventes. Et, l’enseigne de la grande distribution insiste bien, tous les carburants seront concernés par la promotion, comme le gazole, l’essence, mais aussi le superéthanol (hors autoroutes, GPL et combustibles).
«L'E85 sera naturellement proposé à prix coûtant dans les centres E.Leclerc. Composé majoritairement d'éthanol issu des filières agricoles françaises, il permet de réduire jusqu’à 50% les émissions de CO2 par rapport aux essences. L'E85 s'inscrit ainsi dans une démarche de mobilité plus durable, tout en permettant aux automobilistes de réaliser des économies puisque son prix au litre est en moyenne 50% moins cher que celui de l'essence», rappelle son patron. Hier, selon les projections relayées par la Collectivité du bioéthanol et l'association 40 Millions d’automobilistes après les annonces du budget 2026, la hausse des taxes augmenterait le prix du biocarburant E85 de 40 à 50 centimes. Le litre pourrait donc passer de 0,71 euro à 1,20 euro d’ici à 2028, réduisant le bénéfice économique pour les automobilistes qui ont choisi de convertir leur modèle à moteur essence classique grâce à un boîtier de conversion ou de rouler dans des versions flexifuel conçues d'origine.
N'oublions pas que ces opérations de carburant à prix coûtant sont surtout conçues comme un outil d’image et un produit d’appel puisqu’elles permettent d'attirer des milliers d’automobilistes dans les stations de l'enseigne, et donc dans les rayons des hypermarchés. Mais comme on dit, la moindre économie sur le plein d’essence est bonne à prendre, quand on sait que le litre dépasse aujourd'hui 1,60 euro et que le sans-plomb 95E10 se vend en moyenne à plus de 1,68 euro le litre.
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