Echec en vue pour le conclave sur les retraites. Alors que les discussions pour «améliorer» la réforme des retraites entamées il y a plusieurs mois par les partenaires sociaux - CFDT, CFTC, CFE-CGC côté syndicats, Medef et CPME pour le patronat - ont accouché d’un désaccord, lundi 23 juin, François Bayrou a abattu sa dernière carte ce mardi. Le Premier ministre a invité les cinq organisations à Matignon pour sauver un accord qui s’éloigne d’heure en heure.

Et, avec lui, les espoirs d’une meilleure retraite pour les mères de famille. Le projet de relevé de conclusions sur lequel les partenaires sociaux ne se sont toujours pas entendus prévoit en effet «de tenir compte du nombre d’enfants des salariées du secteur privé pour le calcul du salaire annuel moyen». Un salaire moyen qui pourrait ainsi être déterminé à partir des 24 meilleures années pour les mères d’un enfant ou les 23 meilleures pour celles de deux enfants et plus, contre les 25 meilleures années actuellement. Parmi les autres avancées notables, celles obtenues sur la pénibilité : le port de charges lourdes, les postures pénibles ainsi que les vibrations mécaniques permettraient d’obtenir des points au compte professionnel de prévention (C2P). Enfin, l’âge d’annulation de la décote (taux plein de retraite automatique) serait abaissé de 67 à 66,5 ans.

Un désaccord final ferait donc des déçus parmi les actifs, mais pourrait à l’inverse faire le bonheur des retraités. Car, pour éponger le déficit de notre système de retraite, évalué à 6,5 milliards d’euros en 2030 par la Cour des comptes, pas moins de 6,1 milliards d’euros d’économies sont prévues grâce à l’effort de ces derniers. «Les retraités sont les plus mis à contribution», confirme à Capital Cyril Chabanier, le président de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Le texte rédigé par le médiateur Jean-Jacques Marette acte en effet une contribution conséquente des pensionnés : «Par souci d’équité entre les générations, nous proposons de faire participer les retraités au redressement financier du système de retraite de manière progressive», y est-il écrit.

6,1 milliards d’économies sur les retraites

La forme de cette participation ? Une sous-indexation des retraites de base, avec l’intégration dans la revalorisation annuelle des pensions d’un coefficient de soutenabilité, comme c’est actuellement le cas pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco. La revalorisation des pensions de base pourrait ainsi être inférieure à l’inflation de 0,8 point en 2026, puis de 0,4 point entre 2027 et 2030. Un manque à gagner pour les retraités, sur plusieurs années, qui se chiffrerait donc de 6,1 milliards d’euros au total en 2030. Une perte que Cyril Chabanier souhaite concentrer sur les pensionnés les plus aisés : «Cette sous-indexation se ferait uniquement sur les 50% de retraités les plus riches et ne pourrait pas conduire à une baisse de leurs pensions», avance-t-il.

Certes, les partenaires sociaux ont prévu la possibilité de limiter la sous-revalorisation des retraites. Mais cette option ne se ferait qu’au prix d’une augmentation du taux maximum de contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités, de 8,3% à 9,2%, soit le taux appliqué aux revenus d’activité, et de 6,6% à 7,5% de leur taux intermédiaire de CSG. Une augmentation des taxes qui permettrait de récupérer 2,5 milliards d’euros, et qui serait en partie financée au travers d’un «transfert de l'Agirc-Arrco», précise le président de la CFTC. Le texte issu des travaux des partenaires sociaux prévoit en effet en contrepartie de «supprimer la cotisation d’assurance maladie au taux de 1% prélevée sur les pensions complémentaires de retraite», qui permettrait aux ex-salariés du privé de récupérer 900 millions d’euros.

>> Notre service - Comparez les performances des plans d’épargne retraite (PER) grâce à notre simulateur