Rien n’est acté mais une réforme du calcul de la retraite des mères de famille se précise. Jeudi 26 juin, François Bayrou a présenté les «avancées» sur lesquelles les membres du conclave sur les retraites (CFDT, CFTC et CFE-CGC côté syndicats, Medef et CPME pour le patronat) ont trouvé un terrain d’entente. Parmi ces mesures, une concerne exclusivement les femmes, et plus précisément celles qui ont eu des enfants et ont, de ce fait, subi des carrières hachées. «Tous les participants se sont accordés pour améliorer le droit à la retraite des femmes ayant eu des enfants», s’est félicité le Premier ministre.

Le contenu de cette mesure ? Pour le calcul de la retraite de base des salariées du privé, il ne serait plus tenu compte des 25 meilleures années de carrière, mais des 24 meilleures pour les mères d’un enfant et des 23 meilleures années de salaire pour les femmes qui ont eu deux enfants ou plus. Une réforme censée entrer en vigueur pour les départs en retraite intervenant à compter de 2026 si, bien évidemment, les parlementaires décident de la valider dans le cadre de l’examen du Budget de la Sécurité sociale à l’automne.

Selon le relevé de conclusions du conclave sur les retraites rédigé par le médiateur Jean-Jacques Marette, ce nouveau mode de calcul «générera une hausse de la pension de 50% des femmes» qui prennent leur retraite à compter du 1er janvier prochain. Mais quel serait leur gain réel ? Bien peu, selon Marilyn Vilardebo, présidente et fondatrice d’Origami&Co, cabinet d’audit et de conseil retraite pour les chefs d’entreprise, libéraux, artisans-commerçants et cadres du privé. «Une mère d’un enfant qui a perçu des revenus équivalents au plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS, 47 100 euros en 2025, NDLR) pendant 24 années et a travaillé au Smic le reste de sa carrière verra sa pension brute augmenter de 40 euros par mois», illustre l’experte.

Aucun gain pour la retraite des mères aux carrières «plates»

Un gain bien maigre, comparé à la retraite d’environ 1 900 euros que cette mère de famille aurait touchée sans la réforme du mode de calcul. A peine plus de 2%, précisément. «Et on ne parle ici que de la retraite du régime général ! Pour un cadre sup, la pension provient majoritairement de la retraite complémentaire», prévient Marilyn Vilardebo. Or celle-ci n’est pas concernée par le changement du mode de calcul…

Et si les mères de famille aux carrières ascendantes profiteront - un peu - de cette nouveauté, tel ne sera pas le cas de celles dont le salaire n’a pas évolué au cours de leur activité. «Si vous êtes au Smic toute votre vie, prendre en compte les 23 ou 24 meilleures années au lieu de 25 ne change rien. Même chose si vous avez été payée toute votre carrière au plafond annuel de la Sécurité sociale, un niveau de revenus qui plafonne la retraite de base», poursuit la présidente d’Origami&Co. Un avis partagé par Eric Weil, ancien conseiller ministériel et spécialiste des retraites, qui considère sur X (ex-twitter) que cette mesure, si elle est louable, «n'est pas très bien ciblée car ce seront surtout les mères aux carrières ascendantes qui en profiteront, quand celles aux carrières plates ne verront pas la différence». Plutôt qu’un nouveau mode de calcul, Eric Weil propose d’augmenter la pension des femmes de 5% par enfant. Pour rappel, les mères (et les pères) de famille profitent d’une majoration de 10% de leur pension, mais seulement à partir du troisième enfant.

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