Bénéficier du Revenu de solidarité active (RSA) complique-t-il le retour à l’emploi ? C’est en tout cas ce que suggère la dernière étude de la Direction d’animation de la recherche et de la statistique (Dares) publiée le 17 juillet dernier. Elle indique que «parmi les bénéficiaires du RSA […] qui n’ont pas de contrat de travail fin juin 2022, 14% sont en emploi salarié un an plus tard». Autrement dit, à peine plus d’un allocataire sur dix parvient à retrouver un job douze mois plus tard. Mais attention, être en emploi ne signifie pas forcément sortir de la précarité. Pour 41% d’entre eux, ce retour au travail s’effectue à temps partiel, ce qui les prive d’un revenu conséquent pour s’échapper définitivement de la dépendance au RSA.

Résultat, près de neuf allocataires du RSA sur dix (86%) restent donc sans emploi un an après. Ce constat est encore plus sévère pour les seniors : selon l’étude, seulement 3% des bénéficiaires âgés de 60 ans et plus sont parvenus à retourner vers l’emploi, qu’il soit durable ou non. A titre de comparaison, 19% des 25-39 ans et 12% des 40-59 ans y parviennent ! Comment expliquer un tel écart ? Ces demandeurs d’emploi, déjà fragilisés par la précarité qui les exclut des sphères professionnelles et du monde de l’entreprise, sont également pénalisés par leur âge, que les employeurs ont encore trop de mal à valoriser. L’étude souligne toutefois que les demandeurs d’emploi seniors inscrits à France Travail ont six fois plus de chances de retrouver un emploi : 1% seulement retrouvent un job après un an, contre 6% pour ceux qui sont inscrits à l’ex-Pôle emploi.

L’inscription à France Travail est bénéfique pour les allocataires du RSA

Une tendance que l’on retrouve d’ailleurs dans toutes les autres catégories d’âge. Pour l’ensemble des bénéficiaires du RSA, seuls 9% des non-inscrits décrochent un emploi, contre deux fois plus (21%) pour les inscrits chez l’ex-Pôle emploi. Ce constat, finalement assez logique, s’explique par une attention toute particulière de la part des conseillers de France Travail.

Ce qui justifie sans doute l’évolution introduite par la loi plein-emploi, portée par le ministère du Travail qui ambitionne «un meilleur accompagnement des demandeurs d’emploi» : depuis le 1er janvier 2025, tous les bénéficiaires du RSA sont désormais inscrits sur les listes de France Travail. Pour les inciter davantage à s’engager dans leur recherche d’emploi, le versement de leur allocation mensuelle de 646,52 euros est désormais conditionné à un contrat d’engagement. Ce dernier prévoit en moyenne 15 heures d’activité par semaine et un accompagnement renforcé.

Plus on reste longtemps au RSA, plus il est difficile de rebondir

Autre enseignement de la Dares : plus la durée de perception du RSA s’allonge, plus retrouver un emploi relève de la mission impossible. Alors que 25% des entrants dans le dispositif au second semestre 2022 parviennent à rebondir, seuls 13% des bénéficiaires déjà présents au premier trimestre retrouvent un travail. Une différence qui s’explique sans doute par le fait qu’au début, l’envie de rebondir reste forte. Mais au fil des mois, la motivation peut s’étioler et certains employeurs peuvent se montrer réticents face à un profil resté inactif trop longtemps.