Comment demander une rupture conventionnelle ?

Respecter les conditions d’une rupture conventionnelle

Créée par la loi du 25 juin 2008 sur la modernisation du marché du travail, une rupture conventionnelle consiste à négocier avec son employeur les conditions de son départ de l’entreprise de manière amiable. Pour obtenir l’homologation de la rupture, il est important de respecter certaines étapes :

  • Être salarié : la procédure s’applique uniquement aux contrats de travail à durée indéterminée (CDI).
  • Consentement mutuel : la rupture doit être acceptée par les deux parties, salarié et employeur. L’inspecteur du travail s’assure de la liberté de consentement des parties et du respect des droits d’un salarié protégé.
  • Respect du formalisme légal : la demande doit être formalisée par une lettre remise en main propre, un ou plusieurs entretiens, suivis de la signature d’une convention écrite validée par la Direccte (ou la DREETS, Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, selon les régions).
  • Délai de rétractation : chaque partie dispose de 15 jours calendaires pour revenir sur sa décision après la signature de la convention.

Vérifier que la rupture conventionnelle ouvre droit au chômage

L’un des avantages majeurs de la rupture conventionnelle est l’ouverture des droits à l’allocation de retour à l’emploi (ARE). Pour cela, la convention doit être homologuée par l’administration. Le salarié doit aussi avoir travaillé assez longtemps. Enfin, l’indemnité de rupture conventionnelle ne doit pas être inférieure à l’indemnité légale de licenciement.

Un durcissement des conditions d’accès à la rupture conventionnelle

Il est important de souligner que le cadre légal de la rupture conventionnelle pourrait changer. Le gouvernement a annoncé son intention de supprimer l’accès aux allocations chômage en cas de rupture conventionnelle. L’objectif affiché est de limiter ce dispositif, jugé trop souvent utilisé comme une démission « déguisée ».

Préparer ses arguments avant de lancer la procédure de rupture conventionnelle

En conformité avec le droit du travail, évoquer les motifs de sa volonté de quitter l’entreprise n’est pas une obligation. Toutefois, tout employeur est plus ouvert à la négociation lorsque les motifs de départ sont expliqués et compréhensibles. Il sera alors moins enclin à refuser la rupture conventionnelle. Quelques conseils :

  • Rester factuel et constructif : il faut évoquer des éléments objectifs, comme l’évolution de carrière, de nouvelles opportunités ou un changement de projet professionnel.
  • Montrer son ouverture à la négociation : insister sur sa volonté de partir dans de bonnes conditions et de respecter les procédures légales rassure l’employeur.
  • Anticiper les questions sur le timing et la transition : proposer un calendrier pour le départ et l’organisation des missions.

Quel est le meilleur moment pour réussir la négociation sa rupture conventionnelle ?

Il n’existe pas réellement de moment idéal pour demander une rupture conventionnelle. En effet, un employeur n’est jamais totalement prêt à perdre un salarié, puisqu’un départ entraîne nécessairement une réorganisation. Toutefois, certaines périodes sont plus propices à une négociation réussie, à condition d’anticiper et de préparer soigneusement sa démarche.

Choisir le bon contexte

Il est essentiel de ne pas formuler sa demande dans un moment inapproprié. Ainsi, il faut éviter d’aborder le sujet devant des collègues, dans un couloir ou à la fin d’une journée de travail ou d’envoyer une demande écrite sans discussion préalable. Il est conseillé de solliciter un entretien privé avec son employeur pour exposer ses motivations.

Anticiper la réaction de l’employeur

Comme toute négociation, une rupture conventionnelle demande une préparation. L’employeur doit être en mesure de comprendre les raisons de son salarié, mais aussi d’évaluer comment organiser la suite au sein de l’entreprise. Plus le salarié démontrez qu’il réfléchit à sa décision, plus il augmente ses chances d’obtenir un accord.

Quels arguments utiliser pour négocier une rupture conventionnelle ?

Réussir la négociation d’une rupture conventionnelle repose en grande partie sur la manière dont le salarié présente sa demande. L’employeur doit pouvoir comprendre les raisons du départ, sans les percevoir comme une attaque ou une remise en cause directe de l’entreprise. Le tout en favorisant un climat de confiance.

Mettre en avant les bons motifs de départ

Certains arguments liés à l’évolution du parcours professionnel sont particulièrement bien accueillis par les employeurs.

  • La reconversion professionnelle constitue une justification claire : le salarié exprime le souhait de changer de métier, ce qui dépasse les possibilités offertes par son entreprise.
  • De même, le désir d’évolution professionnelle est un motif reconnu : lorsqu’un salarié ne trouve plus d’opportunités dans sa structure, il peut expliquer que son départ vise à trouver ailleurs les perspectives qui lui manquent.
  • Ces motifs permettent de présenter la décision comme une étape logique et réfléchie de carrière.

Exprimer une perte de motivation de manière constructive

Un autre argument souvent mis en avant est la perte de motivation. Toutefois, il est préférable d’aborder ce point avec diplomatie : il ne s’agit pas de critiquer l’entreprise ou ses méthodes, mais de souligner une inadéquation entre le poste occupé et les aspirations actuelles. Insister sur le fait que cette baisse d’intérêt est personnelle aide à maintenir un climat serein.

Évoquer des contraintes personnelles légitimes

Des éléments liés à la vie personnelle peuvent aussi justifier une rupture conventionnelle. Le déménagement pour suivre son conjoint, par exemple, est un argument reconnu et difficilement contestable, puisqu’il s’agit d’une nécessité familiale. Plus largement, tout projet personnel ou familial important peut servir de base à une négociation.

Insister sur une séparation équilibrée et apaisée

La rupture doit être présentée comme une solution gagnant-gagnant. Le salarié peut quitter l’entreprise dans un cadre sécurisé, tandis que l’employeur évite le risque d’un autre mode de rupture de contrat, comme le licenciement. La présenter comme une volonté de trouver une issue d’un commun accord sans rentrer dans le rapport de force facilite son acceptation.

Demander rupture conventionnelle pour souffrance au travail

Si cette situation ne justifie pas toujours un licenciement pour inaptitude, elle peut servir de base pour négocier une rupture conventionnelle. Il est alors préférable d’adopter une approche mesurée et insister sur l’impact personnel que la situation a sur son équilibre et sa santé. L’employeur peut aussi y voir son intérêt, puisqu’il évite le risque d’un contentieux lié aux conditions de travail.

Négocier une rupture conventionnelle pour création d’entreprise

Un autre motif recevable et souvent bien perçu par les employeurs est la volonté de créer son entreprise. Il s’agit d’un projet positif, qui traduit une démarche proactive et une volonté d’autonomie professionnelle. Dans ce cas, il est pertinent d’expliquer que son départ ne résulte pas d’un désaccord avec l’entreprise, mais d’un choix de vie et de carrière.

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Préparer soigneusement son projet

Avant d’aborder le sujet, il est essentiel de clarifier ses motivations et de réfléchir à la manière de les présenter. L’employeur doit sentir que la décision n’est pas improvisée, mais s’inscrit dans un projet professionnel ou personnel cohérent. Cette préparation permet d’anticiper les objections éventuelles et d’avoir des arguments solides.

Soigner la relation avec l’employeur

Une négociation réussie passe aussi par la qualité du dialogue. Il est important d’adopter un ton respectueux et constructif, en rappelant son attachement à l’entreprise et en valorisant l’expérience acquise. En mettant en avant la volonté de partir en bons termes, le salarié rassure l’employeur et crée un climat favorable à un accord.

Anticiper les aspects financiers et juridiques

La rupture conventionnelle implique le versement d’une indemnité au salarié, au minimum égale à l’indemnité légale de licenciement. Dans certains cas, il est possible de négocier davantage. Connaître ses droits et se renseigner sur les pratiques en vigueur permet d’arriver préparé à la table de discussion.

En outre, pour négocier son départ, il faut veiller à bien calculer les délais en fonction des jours ouvrables, car cela peut influencer la date effective de la fin de contrat. À noter d’ailleurs que le délai de rétractation débute le lendemain du jour de la signature.

Anticiper la transition et proposer des solutions

Pour réduire les réticences de l’employeur, il est possible de proposer un plan de passation : formation d’un collègue, documentation des procédures, accompagnement du remplacement. Montrer que l’on se soucie de la continuité de l’activité est un excellent levier pour rassurer et obtenir un accord.

Ne pas tout jouer sur le premier entretien

La rupture conventionnelle est rarement acceptée immédiatement. Il est donc utile d’envisager la demande comme un processus long. Le premier rendez-vous peut servir à sonder la réaction de l’employeur et à exposer ses motivations, tandis qu’un second entretien permettra d’entrer dans le détail des conditions. Patience et progressivité sont souvent payantes.

Rester ouvert aux contre-propositions

Un employeur peut hésiter à accorder une rupture conventionnelle, mais proposer d’autres issues : aménagement du temps de travail, mobilité interne, voire évolution de poste. Même si le salarié veut réellement partir, écouter ces alternatives sans les rejeter immédiatement montre sa bonne foi et son esprit de dialogue, ce qui rendra plus facile un accord ultérieur.

Choisir un moment stratégique

Le timing de la demande peut jouer un rôle décisif. Il est préférable d’aborder le sujet à une période où l’entreprise est relativement stable, et d’éviter les moments de forte tension, de surcharge de travail ou de restructuration. Un contexte apaisé favorise la disponibilité de l’employeur et l’écoute active de vos arguments.

Adopter une posture constructive

Plutôt que de présenter la rupture comme une fuite ou une sanction contre l’entreprise, il est plus efficace de la formuler comme une étape logique de son parcours. Insister sur l’idée d’une séparation équilibrée, respectueuse des intérêts de chacun, permet d’éviter un climat de méfiance et d’encourager la recherche d’un accord.

Se préparer psychologiquement à un refus

Même avec des arguments solides, l’employeur peut refuser une rupture conventionnelle. Se préparer à cette éventualité évite la déception brutale et permet de garder une attitude professionnelle. En montrant qu’il accepte d’entendre un refus tout en restant ouvert au dialogue, le salarié augmente ses chances que l’idée soit reconsidérée plus tard.

Se faire accompagner

Dans certaines situations complexes (longue ancienneté, conflit latent, indemnité importante), il peut être utile de solliciter un conseil extérieur : représentant du personnel, syndicat ou avocat en droit du travail. Être accompagné permet de sécuriser la négociation, d’éviter les maladresses et de défendre ses intérêts avec davantage de poids.

Quel montant demander lors d’une rupture conventionnelle ?

La négociation d’une rupture conventionnelle ne se limite pas au fait d’obtenir l’accord de principe de l’employeur. L’un des points centraux de la discussion concerne le montant de l’indemnité de départ.

Une indemnité de base

Lorsque l’employeur et le salarié se mettent d’accord pour une rupture conventionnelle, l’employeur est tenu de verser une indemnité qui ne peut être inférieure à un certain montant. Cette indemnité est égale à un quart de mois de salaire par année d’ancienneté selon le Code du travail.

Calcul de l’indemnité de la rupture conventionnelle

Pour un salaire de référence de 1 600 euros, l’indemnité minimale avec une ancienneté de quatre ans et six mois est de : [(1 600 × 1/4) × 4] + [(1 600 × 1/4) × (6/12)] = 1 800 euros. Pour les salariés ayant plus de dix ans d’ancienneté, l’indemnité minimale est égale à :

  • un quart de mois de salaire par année d’ancienneté jusqu’à dix ans ;
  • un tiers de mois de salaire par année d’ancienneté après dix ans (par rapport à la rémunération annuelle brute).

Les périodes de suspension du contrat de travail (arrêt maladie, congé maternité…) doivent également être prises en compte, car elles peuvent modifier le calcul de l’indemnité.

Identifier ses possibilités de négociation

Au-delà du minimum légal, il existe souvent une marge de manœuvre pour obtenir une indemnité plus élevée. Plusieurs facteurs peuvent jouer en votre faveur :

  • L’ancienneté : plus elle est longue, plus le coût d’un licenciement potentiel serait important.
  • Le poste : les salariés occupant des fonctions stratégiques ou difficiles à remplacer disposent d’un levier de négociation plus fort.
  • Le contexte : en cas de souffrance au travail, de risque de recours au conseil de Prud’hommes, l’employeur peut préférer payer davantage pour sécuriser le départ.
  • Les usages de l’entreprise ou du secteur : certaines sociétés accordent couramment des indemnités supérieures pour maintenir leur image sociale.

Définir une fourchette réaliste

Plutôt que de demander une somme fixe d’emblée, il est conseillé d’établir une fourchette de négociation. Par exemple, viser :

  • un à trois mois de salaire supplémentaires pour un salarié avec une ancienneté moyenne (deux à cinq ans) ;
  • trois à six mois de salaire pour une ancienneté longue ou un dossier sensible ;
  • au-delà, la demande est possible, mais nécessite des arguments solides (risque juridique pour l’employeur, expertise rare, etc.).

Adopter une stratégie progressive

Il est rarement efficace d’arriver avec un chiffre trop élevé dès le début. Mieux vaut commencer par rappeler ses droits, puis justifier sa demande par des arguments objectifs, avant de présenter une fourchette et être prêt à ajuster en fonction des réactions. L’idée est de montrer que la demande est légitime et réfléchie.

Rester attentif aux contreparties

En tout état de cause, l’indemnité n’est pas le seul élément négociable. Il est possible de demander le maintien de certains avantages, une dispense de préavis, voire une aide à la reconversion. De même, en cas de clause de non-concurrence, mieux vaut l’évoquer afin d’envisager une levée ou une indemnisation adaptée.

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