
«Expérience frustrante», «grande solitude», «pas d'accès à de bons investissements pour les personnes qui ont des revenus modestes» : voilà ce que les femmes disaient de leurs banques en 2022, selon l’enquête menée par Femmes Business Angels et publiée par ViveS Média. Dans le quotidien Les Echos, Sibylle Le Maire, directrice exécutive du groupe Bayard et fondatrice de ViveS Média, et Ludovic Subran, directeur des investissements chez Allianz, enfonçaient le clou en 2023, déplorant «le manque d’intérêt que les femmes ressentent à leur égard de la part des banques», rapportant une «expérience client faite de déceptions et de sentiment d'abandon».
Influencées par les médias et les applications d’éducation financière lancées dans les années 2020 telles Plan Cash, FEMCA, MyFenix ou Evvest, parce qu’elles veulent, aussi, lutter contre les violences économiques, quelques banques ont réagi. Un quart des Françaises n’ont pas de compte personnel ? De juillet à octobre 2025, les titulaires d’un compte joint chez BNP Paribas ont eu la possibilité d’en détenir un à leur nom, moyennant la gratuité des moyens de paiement pendant un an. Et celles qui ont ouvert un premier contrat d’assurance vie avec versements programmés ont reçu une prime de 80 euros. «Seules 14% des clientes ont un tel produit et 12 % un plan d’épargne en actions, soit deux fois moins que les hommes», indique Isabelle Loc, directrice de la banque commerciale en France. En complément, un cahier de vacances dédié à l’autonomie financière a été diffusé à 175 000 exemplaires dans les agences et certains magazines comme Elle.
Les entrepreneures ont deux fois moins de chances qu'un homme d'obtenir un prêt bancaire
Les contenus pédagogiques se multiplient. Chez Oddo BHF, l’initiative Ladies Bank pilotée par Alix de Renty propose un site Internet qui recense plus de 600 articles adaptés à chaque étape de vie - «mon premier bonus, mon premier achat immobilier, mon premier mariage». Ces dernières années, plusieurs médias, podcasts, plateformes ou newsletters tels Prends l’oseille, Plan cash, Ma juste valeur ou Parlons cash les filles ! ont vu le jour, créés par des femmes pour parler d’argent aux femmes. Sans tabou.
A la Caisse d’épargne, on s’occupe des créatrices d’entreprises. Si elles représentent un tiers des entrepreneurs de l’Hexagone, elles ont deux fois moins de chances qu'un homme d'obtenir un prêt bancaire. En 2014, la Caisse a été signataire du premier accord-cadre avec l’Etat. Objectif : faciliter leur accès aux financements et développer des programmes d’accompagnement comme Boost Entrepreneures au Féminin. Le Crédit agricole a suivi avec le concours Créatrices d’avenir. Chez BNP Paribas, on avance le chiffre de 2 milliards d’euros de crédit consacrés chaque année aux entreprises dirigées par des femmes, soit 10% des investissements annuels en fonds propres de la banque, à quoi s’ajoute le programme d’accompagnement #ConnectHers. Quant à la banque publique d’investissement, Bpifrance, la loi Rixain de décembre 2021 l’oblige désormais à respecter des objectifs de mixité dans son soutien aux entreprises.
L’étude “Les femmes et la richesse” publiée en mai 2025 par le cabinet McKinsey donne raison à ces précurseurs. Dans l'Union européenne et aux Etats-Unis, les femmes contrôlent un tiers des actifs financiers, et cette part atteindra 45% d'ici 2030. Soit 10 000 milliards de dollars supplémentaires. Alléchante perspective…
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