
Cela n’est pas nouveau : les Français sont trop imposés à leur goût. La légitimation de la fraude fiscale est en revanche plus inquiétante chez les jeunes, révèle le rapport annuel de la Cour des comptes rendu public mercredi 19 mars. Alors que chez les 18-25 ans, seulement 16% paient l’impôt sur le revenu - les autres étant rattachés au foyer fiscal de leurs parents ou touchant des revenus trop faibles -, ils sont 63% à juger que le niveau d’imposition est trop élevé en France. Une imposition qui s’affiche en moyenne à 1 210 euros pour les membres de cette classe d’âge non rattachés au foyer fiscal de leurs parents, contre 4 663 euros pour l’ensemble des 18,2 millions de foyers qui paient l’impôt sur le revenu en France. A noter que chez les 18-25 ans réellement imposés, la proportion de mécontents tombe à 47%, un pourcentage bien inférieur à la moyenne des Français (75%).
Bien que faiblement imposés, les jeunes générations marchent donc dans les pas de leurs aînés. Les 18-25 ans les surclassent même quand il s’agit de légitimer la fraude fiscale. Pour 27% d’entre eux, «il est justifié de tricher sur ses impôts et cotisations sociales si on en a la possibilité». A l’opposé, moins de la moitié des 1 011 jeunes âgés de moins de 25 ans sondés dans l’enquête s’oppose à cette fraude, «dont un quart formellement». Et alors que le dernier Baromètre des prélèvements fiscaux et sociaux en France publié en janvier 2024 par le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) faisait ressortir que 44% des Français n’estiment «jamais justifié» de tricher sur ses impôts, ce taux s’affiche à 42% chez les 15-17 ans puis chute à 19% chez les 18-20 ans et à 17% parmi les 21-25 ans. «A cet égard, 38% des jeunes actifs et 45 % des jeunes assujettis à l’impôt sur le revenu estiment que mentir sur ses déclarations et paiements peut être justifié», pointe le rapport.
Eduquer à l’impôt, une priorité selon la Cour des comptes
Mais comment expliquer l’opinion des jeunes face à l’impôt ? Pour les Sages, elle relève en grande partie d’une «médiocre connaissance des taux d’imposition réellement appliqués», par «le sentiment que le système fiscal pèserait trop lourdement sur les classes moyennes et les plus défavorisés et épargnerait, parallèlement, les contribuables disposant des plus hauts revenus». Et si ces publics ont majoritairement une bonne image du fisc, ce n’est pas le cas pour la gestion des fonds publics dont ils sont 53% à se déclarer insatisfaits. «Cette appréciation pourrait être mise en regard de leur connaissance lacunaire de leur propre situation en matière d’impôt sur le revenu : ayant le sentiment de payer un impôt trop lourd, ils jugent d’autant plus sévèrement la qualité de son utilisation», théorise la Cour des comptes.
Quelles que soient les raisons du très faible consentement des plus jeunes à l’impôt, la Cour recommande d’agir pour les éduquer. Tout d’abord avant leur majorité, en promouvant «une sensibilisation à l’impôt afin de familiariser les jeunes (...) aux grands principes sur lesquels repose le système fiscal français», puis en leur envoyant, dès leurs 18 ans, un courrier d’information les incitant à activer leur espace personnel sur impots.gouv.fr. Pour une meilleure compréhension de notre système fiscal, les Sages plaident enfin pour harmoniser l’ensemble des avantages fiscaux réservés aux contribuables ayant des enfants majeurs rattachés ainsi que les modalités de déclaration des jeunes actifs faisant l’objet d’exonérations, comme pour les jobs étudiants, les stages ou les contrats d’apprentissage.



















