«Nouveau record d’épargne ce trimestre : 77% des Français épargnent en avril 2025… c’est 2 points de plus qu’en février et 6 points de plus qu’il y a un an. C’est même notre record absolu depuis 2019. Et les Français épargnent beaucoup : un sur trois (33%) épargne plus de 200 euros chaque mois et 14% plus de 500 euros tous les mois», selon le baromètre de l’épargne Odoxa-Groupama pour Capital et BFM Business. Un constat validé par les chiffres officiels de l’Insee, où le taux d’épargne ressort plus élevé que jamais (sauf période Covid), à 17,9% du revenu disponible, contre une moyenne, avant la crise sanitaire, de 15%.

Les Français épargnent quand ils s’inquiètent, et avec la guerre en Ukraine, l’instabilité politique en France, la guerre commerciale lancée contre le monde par Donald Trump, ils ont toutes les raisons de se faire du mauvais sang ! Mais une autre crainte, plus sourde, fait son apparition : «Les épargnants ne savent plus guère où placer leur argent ! Les livrets et l’assurance-vie sont toujours les placements les plus prisés, mais ils sont de moins en moins attractifs et reculent inexorablement», note Gaël Sliman, le président d’Odoxa. Pire : «62% des épargnants ne se disent “pas confiants» sur le rendement de leur épargne…»

Une baisse inexorable du taux du Livret A

Le Livret A offre actuellement un taux de rendement de 2,40% (après avoir passé deux ans à 3%), bien au-dessus de l’inflation (1%). Mais comme il est indexé sur l’inflation justement, il y a toutes les chances qu’à la prochaine révision de son taux, le 1er août, il recule à nouveau. Les épargnants ont manifestement bien compris ce mécanisme : «7 épargnants sur 10 (69%) pensent que le taux du Livret A va encore baisser pour se situer à 1,75% au lieu de 3% en 2024. 81% d’entre eux pensent que l’Etat devrait intervenir pour l’empêcher», note Gaël Sliman.

Selon les calculs de Capital, aux taux d’inflation actuels, projetés jusqu’en juin, l’application de la formule de calcul du Livret A fait ressortir son taux à 1,70% pour le 1er août… L’Etat donnera-t-il un coup de pouce ? Pas si facile, parce que 60% des sommes récoltées servent à financer le logement social. Et, le taux du Livret A est aussi celui auquel les bailleurs sociaux empruntent pour financer le … logement social, dont la France a si cruellement besoin. Mais, sans coup de pouce, les Français annoncent la couleur : «4 détenteurs sur 10 (38%) assurent qu’ils abandonneront leur Livret A si son rendement baisse à 1,75% ou moins», selon le baromètre.

Les Bourses mondiales dans la tempête

Avec la crise mondiale déclenchée par le Président Trump et ses conséquences sur les marchés financiers et notamment les Bourses qui, depuis les annonces tonitruantes du 2 avril, ont fait les montagnes russes, avec des variations d’une amplitude jamais observée depuis la Seconde guerre mondiale, les épargnants retiennent leur souffle.

«Pas de chance pour l’attractivité de la Bourse : alors que ces derniers mois, elle séduisait enfin les Français (en février nous relevions que son attractivité avait doublé en 2 ans avec 6%) à cause des faibles rendements de leurs placements traditionnels, elle recule ce mois-ci suite aux fortes baisses relevées près le déclenchement de la guerre commerciale par Donald Trump», observe Gaël Sliman.

Le fonds en euros en berne

Enfin, le sentiment des Français est mitigé concernant l’assurance vie. Ils anticipent un rendement en baisse pour le fonds sans risque en euros. L’assurance vie est en effet composée du fonds garanti en euros (le capital ne peut pas baisser et il est revalorisé chaque année d’un taux annoncé en début d’année suivante) et d’unités de comptes (actions, obligations, immobilier, etc.). Ces unités de comptes, à la différence du fonds en euros, ne sont pas garanties et vous pouvez y enregistrer des pertes en capital.

En 2023 et 2024, les fonds garantis en euros ont offert, en moyenne, 2,60% de rendement. Va-t-il baisser en 2025 ? Il est un peu tôt dans l’année pour le dire. Pour servir le taux du fonds en euros, les assureurs sont essentiellement investis en obligations, une classe d’actifs bien orientée cette année en termes de performance. En revanche, pour les 7,3% en moyenne investis sur les marchés actions, la performance ne sera connue qu’en fin d’année.

Outre ces préoccupations strictement financières, les assureurs gardent aussi toujours un oeil sur leur plus vieux concurrent, le Livret A. Et, on l’a dit, le rendement a toutes les chances de baisser au 1er août. Si c’est encore le cas à la révision suivante, le 1er février 2026, il y a alors fort à parier que les assureurs accompagneront la baisse, avec un rendement moyen du fonds garantis en euros qui pourrait chuter entre 2% et 2,20% en 2025. Rendez-vous début 2026 pour en avoir le cœur net !