
Selon le dicton, derrière chaque difficulté se cacherait une belle opportunité. Serait-ce aussi le cas en ce qui concerne la dette française ? Depuis le 8 septembre, et la perte par François Bayrou du vote de confiance de l'Assemblée nationale, les taux de la dette tricolore sont remontés subitement, retrouvant (en termes d'écart avec la dette allemande) des niveaux qui étaient les leurs suite à la dissolution de la chambre basse déclenchée par Emmanuel Macron, le 9 juin 2024. Actuellement, les obligations françaises à échéance 10 ans - les fameuses Obligations assimilables du Trésor (OAT) 10 ans - s'échangent autour de 3,4%. Un niveau élevé, puisque ces mêmes taux étaient retombés à 2,4% fin 2023.
Un décollage logique : en raison de l'instabilité politique et des craintes sur la possibilité d'aboutir à un budget, les investisseurs s'inquiètent. Or, dans ce cas, ceux qui achètent de la dette française demandent à percevoir des intérêts plus élevés pour prêter à l'Etat, car ils considèrent qu'ils prennent un risque supérieur de ne pas être remboursé. Et la situation pourrait encore se dégrader : «L'indicateur clé est celui de la différence de taux entre la France et l'Allemagne (le «spread» NDLR)», confie Alexandre Baradez, responsable analyses marchés chez IG France. Actuellement, cet écart est d'environ 0,7%, (l'Allemagne emprunte à 2,7%), et s'il dépasse les 0,9%, «la situation pourrait se dégrader très vite, si les marchés s'inquiètent, nous pourrions dépasser les 4%, voire atteindre les 5%», anticipe l'analyste.
Assurance vie, PER, compte-titres : comment acheter de la dette française ?
Une perspective inquiétante pour les finances publiques - puisque l'Etat payerait des intérêts plus élevés pour se financer -, mais dont les investisseurs, y compris particuliers, peuvent tirer profit ! En achetant des obligations d'Etat françaises, c'est-à-dire en devenant créanciers de la France, c'est à vous que seront en effet versés ces intérêts qui affichent déjà un niveau de rendement bien supérieur à l'inflation. Une aubaine ? Oui, si on ne redoute pas que la France fasse défaut sur sa dette dans les 10 années à venir, c'est-à-dire ne soit pas en mesure de vous rembourser… Une issue qui semble encore bien peu réaliste, pour rappel, au plus fort de la crise grecque, en 2012, les obligations à 10 ans avaient atteint un taux de près de... 40%. Un niveau dont nous sommes encore loin, et à l'époque, la Grèce n'avait pas fait défaut sur la totalité de sa dette.
Mais comment faire si vous souhaitez en profiter ? En France, impossible d'acheter directement une obligation émise par l'Etat. Ce marché est réservé aux investisseurs dits «institutionnels» (grandes banques, assureurs, fonds d'investissement, etc.). En revanche, il est possible d'en acquérir via les produits que commercialisent ces investisseurs institutionnels. On retrouve ainsi quantité d'obligations d'Etat françaises dans les fonds euros des assureurs, qui sont proposés en assurance vie comme dans les plans d'épargne retraite (PER). Il est également possible de souscrire la dette française via les unités de compte (UC) proposées sur ces deux produits d'épargne.
Autre option : miser sur des ETF obligataires, avec son compte-titres ordinaire (CTO). Dans ce cas, vous n'investirez sans doute pas uniquement dans des obligations tricolores, mais aussi dans de la dette allemande, espagnole, portugaise, italienne… Il suffit pour le savoir de vérifier la composition de l'ETF pour voir sur quelle dette il est majoritairement investi. Une solution qui présente également plus de sécurité, selon Alexandre Baradez : «En optant pour un ETF obligataire d'Etats européens notés IG (pour "Investment grade", soit uniquement les pays les mieux notés, NDLR), vous diversifiez votre investissement sur plusieurs pays sûrs, ce qui est toujours moins risqué que de miser sur une unique obligation.»




















